Frère Jens et Sœur Friederike vivent à Sulaymaniya. Jens est toujours au service de la communauté des chrétiens étrangers, composée d’Indiens et de personnes originaires d’autres pays asiatiques. Il y a aussi quelques Européens qui viennent tous les vendredis pour la messe en anglais et pour célébrer les grandes fêtes. Deux fois par semaine, Jens célèbre la messe pour les religieuses carmélites indiennes dans leur maison de l’hôpital pour handicapés Mary Mother of Mercy. Friederike ne se contente pas d’offrir l’hospitalité, elle aide aussi grâce à son expérience la troupe de théâtre dirigée par Safa. Elle accompagne également des personnes ayant subi des traumatismes dans leur vie, afin de les aider à les surmonter. Friederike se rend trois ou quatre fois par an en Allemagne pour rendre visite à sa mère âgée et malade.
Pendant la journée, la vie au Monastère de la Vierge Marie à Sulaymaniya, dans le Kurdistan irakien, ressemble à une ruche, avec des centaines d’étudiants de différentes langues et leurs professeurs. (...) Il y a aussi des cours académiques en collaboration avec le réseau Jesuit Worldwide Learning. Norbert, d’Allemagne, propose un service de thérapie des traumatismes appelé « awarness building » qui promeut l’éducation à la paix. Le monastère accueille également des hôtes qui viennent pour plusieurs jours visiter la communauté ou la ville. (...) La restauration de l’église du monastère est une nécessité urgente, étant donné le mauvais état du mur nord en particulier, et du bâtiment en général. Le projet est soutenu par l’évêque Youssef Toma Mirkis, qui a exprimé sa joie et sa gratitude pour notre présence à Sulaymaniya.
Malgré le succès des activités culturelles, artistiques et humanitaires du monastère, qui correspondent aux besoins de la communauté locale, et malgré l’intégration de Jens dans le diocèse, nous craignons de ne pas pouvoir, pour le moment, transformer le lieu en un véritable monastère qui appartienne à la communauté monastique d’al-Khalil et en exprime la spiritualité. (...) La fidélité de Jens à son service pastoral auprès des étrangers et des moniales carmélites n’est pas suffisante pour créer une vie spirituelle, ni pour lui ni pour le lieu, telle que nous le souhaitons en tant que Communauté d’al-Khalil. C’est pourquoi nous recherchons maintenant un partenaire avec lequel nous pourrions partager la responsabilité du lieu ou même le céder complètement le moment venu. Ce partenaire peut être une communauté religieuse, une association laïque ou des amis individuels de la Communauté, des personnes qui croient en notre vocation de dialogue avec l’Islam dans une atmosphère de prière, de travail et d’hospitalité. (...)
La Communauté Monastique de al-Khalil termine sa lettre par cette histoire: Un moine idéaliste rêvait qu’il existait un bouton sur lequel Dieu pouvait appuyer pour que le monde change, que le mal se transforme en bien, le chagrin en joie, la tristesse en réconfort, la laideur en beauté et que tous les problèmes cessent. En racontant ce rêve à ses frères, les moines du monastère furent très déçus car le bouton magique n’existait pas. Nous ne sommes pas des marionnettes et Dieu nous a créés à son image, libres, il ne peut donc pas nous forcer à être bons. Le moine a repris ses esprits par la prière et le silence devant l’humble crèche de Noël, puis il s’est levé et a réveillé ses frères au milieu de la nuit en criant: «Le bouton existe, ce n’est pas un mythe. Il est dans nos cœurs et ce n’est pas Dieu qui doit l’appuyer, mais nous-mêmes». Oui, nous pouvons changer le monde en nous changeant nous-mêmes, le choix nous appartient. Amen.
L'intégralité de la Lettre 2023 sur le site des Amis de Mar Moussa.