Mar Moussa: «Porte aperte» à Cori et célébration à Rome

Moment de prière en fin de pèlerinage. On reconnaît notamment la sœur de Paolo en pantalon rouge, suivie d’Adib al-Khoury, du recteur de l’église du pèlerinage et de Jihad Youssef @ SJ-Bild

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Moment de prière en fin de pèlerinage. On reconnaît notamment la sœur de Paolo en pantalon rouge, suivie d’Adib al-Khoury, du recteur de l’église du pèlerinage et de Jihad Youssef @ SJ-Bild

14.08.2023

Les «Porte aperte» (portes ouvertes) du monastère de Mar Moussa à Cori, près de Rome, ont rassemblé durant une semaine, du 22 au 28 juillet, quelque 50 personnes. Le vice-président de l’Association suisse des Amis de Mar Moussa, le Père Joseph Hug sj, était présent à cet événement important pour les membres de la communauté de Mar Moussa de Syrie et de leur supérieur Jihad Youssef.

Le Père Hug sj a assisté à trois rencontres passionnantes : la première sur la personne de Mohammad, la seconde sur la crucifixion de Jésus, la troisième sous la forme d'un petit pèlerinage au-dessus de Cori, introduit par une des sœurs du Père Paolo, clôturé par un très bon repas festif syrien. Toutes les rencontres avaient lieu dans l'église de San Salvatore, très proche des locaux du monastère.
«Ce qui m'a frappé, c’est le climat fraternel, la simplicité, l'entraide, l'écoute, et l'aspect un peu foutoir de l'organisation», note le Père Hug. «Et puis, les débats étaient vivants, fondés sur des témoignages solides et engagés, et très éloignés des discours académiques», relevant en particulier la présence des intervenants francophones algériens de grande qualité.

Présence internationale et interreligieuse

Les moines et moniales de Syrie et de Sulemanieh en Irak s’étaient déplacés à Rome pour l’occasion, ainsi que le Père Jacques Mourad, devenu récemment archevêque de Homs et Nebek. Parmi les participants, se trouvaient notamment des Français, des Belges flamands, des Italiens, un Autrichien professeur à Münster, deux prêtres italiens amis de la communauté, dont un jeune africain de la République Centre Afrique, mais aussi plusieurs musulmans syriens, algériens, une Italienne convertie et un jeune Indonésien. A relever aussi, la présence de Manoël Pénicaud, auteur d'une biographie sur Louis Massignon, dédiée au jésuite disparu il y a 10 ans, le Père Paolo Dall'Oglio, qui a fait du monastère de Mar Moussa un haut lieu de rencontres. De Genève, Jasmine Saaman, du comité Les Amis de Mar Moussa, son mari, leurs deux enfants et quelques autres amis et amies de la communauté à Cori s’étaient joints au rassemblement.

Commémoration

Le samedi 29 juillet, dix ans jour pour jour, après la disparition de Paolo Dall'Oglio à Raqqah en Syrie du Nord, une célébration s'est déroulée à l'église San Ignazio de Rome.

En ouverture eut lieu la présentation du « Testament » du Père Paolo, avec une préface du Pape François. Il s'agit d'une retranscription de l'arabe en italien d'une série de conférences de l'auteur qu'il a adressée à la communauté de novembre 2011 à juin 2013, peu de temps avant de quitter «la Syrie qu'il aimait» selon les mots du Père Jihad Youssef, supérieur de la communauté de Mar Moussa.

« Lors de la présentation, j’ai été particulièrement touché par le récit de l'aventure de la retranscription des conférences en arabe par Adib al-Khoury dans son appartement de Damas où il vit avec sa famille », relève joseph Hug sj.

La présentation a été suivie d'une messe présidée par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, avec à ses côtés l'évêque Jacques Mourad, le supérieur de la communauté Jihad Youssef et l'ensemble de la communauté des moines et moniales. «Un moment très émouvant suivi par plusieurs centaines d'amis et des dizaines de Jésuites de Rome et d'ailleurs».

Dans la petite ville de Cori au sud de Rome, la communauté de San Salvatore a été créée en 2002. C’est le lieu de vie des moines et moniales, qui poursuivent leurs études à Rome ou qui sont de passage. Ce pont entre l’Orient et l’Occident est devenu un lieu de référence pour la communauté et les associations Les amis de Mar Moussa en Europe, ainsi que pour de nombreux Syriens étudiants ou réfugiés, qui viennent pour un temps de partage et de ressourcement.

Auteur:

Né en 1940, entré chez les jésuites en 1961, exégète de formation, il est un spécialiste de la formation des laïcs adultes. Il était également le responsable du Centre de documentation et de formation religieuse (CEDOFOR) basé à Genève et qui a fermé ses portes en 2018. Joseph Hug sj est un ancien membre du conseil de rédaction de la revue culturelle choisir pour laquelle il a apporté ses connaissances durant de nombreuses années.

informations utiles

Église

Pour Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus, tout comme l'Église en général, doit « aider les âmes ». Depuis la fondation de l'Ordre, les jésuites se sont donc engagés avant tout dans le travail pastoral et éducatif. Pour pouvoir agir de manière plus efficace dans l'Église mondiale, l'Ordre s'est mis à la disposition du Pape. La liberté et l'obéissance font partie du caractère fondamental de l'Ordre. C'est pourquoi « l'ecclésialité jésuite » est liée à la communauté religieuse concrète dans laquelle nous allons vers le Christ, tout en célébrant une grande liberté quant à la forme dans laquelle ce lien s'exprime. Car selon les règles qui, à la fin du livre des Exercices spirituels, préconisent de « sentir avec l'Église » (« sentire cum ecclesia »), l'Esprit de Jésus vit et travaille à tout moment dans l'Église « réelle », dans toutes ses dimensions pécheresses et saintes. La gratitude prend la première place. Avant toute critique, il faut d'abord louer le bien. La critique de l'Église doit se traduire par des actes concrets de réforme et d'amélioration plutôt que par de simples paroles. La conversion personnelle de l'individu doit toujours être le point de départ.

Spiritualité

La spiritualité est une «voie vers Dieu». Elle n'est jamais abstraite, mais devient vivante dans chaque croyant. La spiritualité ignatienne fait référence aux «Exercices spirituels» par lesquels Saint Ignace de Loyola souhaitait aider les croyants à trouver Dieu et à orienter leur vie vers le Seigneur. Il était convaincu que Dieu œuvre en chaque être humain, souhaitant le conduire vers la liberté afin qu'il puisse choisir et décider de manière responsable. La spiritualité ignatienne est une spiritualité de liberté, de discernement et de choix, le principe fondamental étant la croissance et l'apprentissage. C'est une spiritualité de la gratitude. Bien que brisé par la vie, Ignace se sentait profondément comblé de cadeaux, aimé par Dieu et délivré par Jésus-Christ. Ignace a voulu répondre généreusement à cette expérience par sa propre vie, en aidant les autres à chercher et à trouver Dieu en toutes choses. La spiritualité ignatienne est une mystique du service. Les «Exercices spirituels» sont destinés à former un être humain «au service des autres», à l'instar du modèle de vie de Jésus.

Œcuménisme

Martin Luther et Ignace de Loyola sont considérés comme les symboles de la Réforme et de la Contre-Réforme. Leurs idées fondamentales ont souvent été décrites comme étant contraires. Pourtant, nos premiers confrères n'ont pas fondé l'Ordre des jésuites dans le but d'installer la Contre-Réforme, mais ils étaient eux-mêmes parmi les réformateurs au sein de l'église. Nombre de leurs volontés spirituelles sont similaires à celles des réformateurs : un sermon et une Foi personnelle orientés vers la personne du Christ et les Saintes Écritures, une réforme de la vie personnelle afin de combattre le comportement immoral au sein du clergé, une confiance profonde dans la grâce au lieu du seul accent sur les bonnes œuvres. Considérés comme des innovateurs, on les appelait des « prêtres réformes ». L'œcuménisme est donc inscrit dans le « livret de famille » des jésuites : le premier jésuite allemand, Pierre Canisius, étudiait déjà les écrits de la Réformation dans l'original et participait à des discussions religieuses.