Noël est un temps où l’on se remémore les récits qui alimentent notre foi, nous font croire en la délivrance de la souffrance, en l’émergence de la lumière dans les ténèbres, en la bonté de l'être humain au-delà des violences. Les histoires de Noël parlent toujours de détresse, une détresse qui est souvent surmontée, ou du moins atténuée, par l’action de personnes qui se laissent toucher, se montrent solidaires et donnent une place dans leur vie à ceux qui sont dans le besoin. Et le narrateur ou la narratrice de clore ainsi son récit par un:
«Je vous souhaite un Joyeux Noël !»
De histoires bouleversantes, semblables à celles de nos contes de Noël, se produisent aujourd'hui encore. Et pas uniquement à la période des fêtes. La manière dont elles se concluent dépend aussi de notre manière dont nous imaginons une juste fin des récits. En ce sens, les réfugiés sont sans doute les personnes qui ont le plus besoin de l’espérance de Noël.
La Nativité est la fête de l’espérance, pour tous les Hommes. Pourtant… Le durcissement du système d'asile suisse entraîne souvent des conséquences catastrophiques pour les personnes en fuite. Lesquels? Un seul exemple: en les renvoyant dans le premier pays de l’Espace Shengen où ils ont été enregistrés en arrivant en Europe, comme la Croatie ou la Roumanie – rappelons que la Suisse est membre de l'espace Schengen de l'UE – ils n’ont parfois pas accès une prise en charge spécifique et un traitement adapté à leur pathologie.
Les personnes menacées d'expulsion se trouvent dans des situations dramatiques. Le froid, l'étroitesse, la saleté et l'absence de protection de certains centres d'hébergement les font ressembler à l'étable de Bethléem, et le stress permanent lié à l'incertitude de leur avenir nuit à leur santé mentale. Mais pour de simples citoyens de la société civile, il n'est parfois pas facile de suivre son cœur, de faire preuve de miséricorde et d'offrir un accueil à ces personnes. Ce n'est pas un hasard si le récit de Noël nous rappelle la tradition ecclésiastique d'accueil et de protection des personnes menacées. Depuis des siècles, l'asile dans les églises a servi à protéger les personnes persécutées et à renforcer ceux qui, au nom et sur mandat des Églises et de l'Évangile, devaient assurer cette protection.
Pourtant, dans de nombreux endroits, l'asile accordé par l'Église semble aujourd'hui inapproprié ou injustifié face aux organes de l'État de droit pour être utilisé comme dernier recours de protection des personnes menacées.
La question de savoir ce que doit être la miséricorde exigée par l'Évangile face à la détresse actuelle des réfugiés reste cependant ouverte.
Ces questions cruciales seront abordées le 1er mars 2024 lors d'une conférence et d'un atelier sur le thème de l’«Asile dans les église» qui se tiendra à la Maison de paroisse St Joseph de Zurich (Stauffacherstr. 8). Le mouvement œcuménique de l'asile dans les églises en Allemagne et les expériences de la Suisse nous aideront à comprendre les possibilités et les pierres d'achoppement face aux situations actuelles. Voir le programme en allemand de l'atelier sur l'asile dans les églises sur www.migrationscharta.ch/programm-zum-workshop-kirchenasyl
