«Sur le qui-vive, une joyeuse impatience»

Veillez! L’avertissement revient quatre fois au cours de ces quelques versets. Tel un maître qui part en voyage et confie ses affaires à ses serviteurs, Jésus, à la vieille de partir vers sa Passion et de s’absenter pour un temps, adresse ses dernières recommandations à ses disciples. L’absence risque bien d’être longue et la date du retour est incertaine. Le maître reviendra, certes, mais sans s’annoncer. Personne n’en connaît ni le jour ni l’heure, en déplaise aux prophètes autoproclamés qui, lors de chaque catastrophe, prétendent connaître l’agenda du Seigneur.

Libre de toute manipulation, jamais contraint, Dieu reste insaisissable, toujours plus grand, c’est sa nature. Personne ne le maîtrise ni ne le tient à disposition même pas avec des dogmes, des sacrements ou dans un tabernacle. Il se manifeste quand il veut, comme il veut, en toute liberté. Qui ne veut pas manquer le rendez-vous ne peut que se tenir disponible et rester en alerte. 

En attendant, chacun est renvoyé à ses affaires sans se laisser distraire par ce qui, d’ordinaire, alourdit le cœur : la soif de posséder, de consommer, les soucis de la vie et la débauche. Énumérant les quatre veilles de la nuit, le soir, minuit, l’aube et le matin, Jésus précise qu’il s’agit bien d’une vigilance de tous les instants, d’un style de vie habituel. 

Le maître parti en voyage, ses employés sont restés seuls face à leurs responsabilités. Les disciples du Christ, au contraire, ne sont pas laissés sans ressources. En s’absentant, Jésus leur a laissé des moyens pour lutter contre la torpeur: sa parole dans les Évangiles, l’assistance de son Esprit, les sacrements, une communauté, l’Église. À eux d’en faire bon usage.

Vivre habituellement sur le qui-vive c’est balancer entre l’anxiété et l’impatience, entre la peur et la joie. Qui redoute le retour du maître comme l’heure des comptes à régler est angoissé. Par contre, c’est avec une joyeuse impatience que les premières communautés chrétiennes aspiraient à revoir le Seigneur. Tendues vers ces retrouvailles, elles adressaient au Christ une ardente prière pour qu’il accélère son retour. «Viens, Seigneur Jésus - Marana tha!» (Apoc22,20) sont les ultimes mots de la Bible, qui inaugurent le temps de l’attente.

«Sur le qui-vive, une joyeuse impatience» (Mc 13,33-37) - Méditation à partir de l'Évangile de Pierre Emonet sj pour le 1er dimanche de l’Avent du 3 décembre 2023.

Auteur:

Pierre Emonet SJ

Né en 1936, entré chez les jésuites en 1976, il se consacre à l'écriture et aux ministères ordinaires de la Compagnie: exercices spirituels dans la vie ou en retraites, accompagnement spirituel, prédication et aide dans le ministère paroissial. Il a également été le dernier directeur de la revue choisir qui a cessé de paraître fin 2022. Il a publié plusieurs livres, et notamment trois biographies de jésuites aux éditions Lessius : Ignace de Loyola - Légende et réalitéPierre Favre (1506-1546) - Né pour ne jamais s'arrêter, et récemment Pierre Canisius - L’infatigable réformateur de l’Église d’Allemagne (1521-1597). Il a également publié eb 2023, la première biographie en français de Pedro Arrupe sj: «Pedro Arrupe, un réformateur dans la tourmente». Un livre qui lui tenait à cœur –«mon dernier» précise-t-il– tant le Supérieur général de la Compagnie de Jésus du milieu du siècle dernier est pour lui «un modèle de jésuite».

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