Après l’allégorie du bon berger voici celle de la vigne. Si le berger précède son troupeau et marche à sa tête pour le guider, le rapport entre le cep et les sarments est encore plus intime, tout intérieur. Le sarment vit de la sève dispensée par le cep. Pour porter de belles grappes aux saveurs des divers cépages il doit rester greffé sur le pied de vigne. Coupé de sa source, il n’est plus que du bois mort, bon pour le feu : « En dehors de moi vous ne pouvez rien faire ».
Jésus insiste sur l’importance, pour ses disciples, de maintenir vive la connexion à la source de leur fécondité. Il en va de la vendange. Pas moins de sept fois en quelques versets Jésus répète le mot « demeurer » comme un refrain qui donne le ton. Que ses disciples – et tout croyant – comprennent bien que l’attachement qu’ils lui vouent ne doit rien à un spleen romantique ou à une passade pseudo-mystique. C’est leur vie qui est en jeu. Comme la vendange s’annonce dans les sarments entés sur le cep, celui qui établit en Christ sa demeure découvre la source de sa vie.
Au fidèle disciple qui se demande comment assurer pratiquement la vitalité du lien entre le sarment et le cep, Jésus rappelle que ses Paroles sont esprit et vie (Jn 6,63) : la parole intérieure que son Esprit murmure dans le tréfond de chaque conscience, la parole recueillie dans les Évangiles portés par la communauté. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. »
La vigne exige des soins continus. C’est bien connu : chaque mois mobilise le vigneron sur le terrain. Prendre soin de la Parole pour qu’elle puisse demeurer sans être étouffée par les crises et les sollicitations de l’existence exige de la part des disciples la patience et l’endurance de celui qui reprend à chaque saison les travaux de la vigne. La vendange est à ce prix.
«Demeurer» (15,1-8) – méditation de Pierre Emonet sj du dimanche 28 avril 2024
