Jésus a élevé le deuxième commandement à la hauteur du premier, il a donné sa vie «afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés» (Jn11,52). Ceux et celles qui se réclament de lui ne peuvent jamais être des individualistes qui vont leur chemin affranchis de tout contexte social. Par son baptême le chrétien est inséré dans un réseau de relations communautaires, l’Église.
Toute vie relationnelle engendre immanquablement des conflits. Parce que ses disciples ne font pas exception, qu’ils se jalousaient généreusement et se bousculaient pour occuper les premiers postes, Jésus a dû plus d’une fois arbitrer leurs querelles. L’évangile selon Matthieu consacre tout un chapitre à son enseignement sur la gestion des conflits (Mt 18). Le Maître commence par élever le débat : la manière dont ses disciples résoudront leurs litiges aura des répercutions bien au-delà de ce qu’ils imaginent, jusque dans le ciel. Redoutable responsabilité que la leur ! Au cours de l’histoire bien des hommes et des femmes ont retrouvé le chemin du ciel – ou l’on perdu – à cause de la manière dont ils ont été traités par les gens d’Église.
Parce que les conflits sont inévitables, Jésus propose un processus pour s’en sortir. En cas d’offense, il ne s’agit pas de se venger, mais d’aider l’autre à se réinsérer dans le tissu communautaire. Que l’on commence par s’expliquer en parlant d’homme à homme, en toute discrétion, sans porter aussitôt le différent sur la place publique, dans la presse ou sur les réseaux publics.
Mais il y a les entêtés qui ne se laissent pas convaincre. Le recours à des médiateurs ou des facilitateurs peut débloquer la situation et élargir le débat. Quant aux obstinés qui, envers et contre tout, campent sur leurs positions et refusent le jeu communautaire, il revient à la communauté d’arbitrer le cas. En désespoir de cause, il ne reste plus qu’à respecter leur choix, à les laisser partir, en acceptant leur désir de ne plus faire partie du groupe des disciples.
Une chose reste certaine, qui est au centre de tout comme une ultime raison : le Christ a promis d’être présent lorsque ses disciples se mettent d’accord, ne seraient-ils que deux ou trois.
«Ne pas déchirer le tissu » (Mt 18,15-20)- méditation à partir de l’Évangile par Pierre Emonet sj pour le dimanche 3 septembre 2023
