En ce début de carême, le Père Toni Kurmann sj nous rappelle l’importance de l’art de l’hospitalité. Directeur de la maison Lassalle - Bad Schönbrunn, dans le canton de Zoug, il nous invite à considérer ce temps liturgique de dévotion à Dieu durant lequel nombreux sont ceux qui prennent en temps de retraite spirituelle, comme un moment privilégié de rencontres véritables.
«On peut laisser quelqu’un entrer par la porte et avoir l’impression qu’il est resté dehors. Son corps a pu entrer, mais pas son âme. Il doit aussi être accueilli spirituellement» (Romano Guardini).
Y a-t-il quelque chose de plus beau que le sentiment d'être accueilli de tout cœur ? Ce n'est pas sans raison que la culture de l'hospitalité est considérée depuis la nuit des temps comme un véritable art - et une mission sacrée: «L'hospitalité est un don du ciel que nous transmettons à l’humanité». (Pline le Jeune)
Avant toute chose, l'hospitalité est une formidable promesse: celle d'un espace protégé pour se reposer; d'un temps de ressourcement; d'un lieu pour reprendre son souffle. L’avènement de l'hospitalité a rendu possible le commerce et les voyages à distance.
« Qu'un homme offre une halte à un autre dans le grand voyage vers la maison éternelle, tel est le sens le plus profond de toute hospitalité », déclarait le théologien Romano Guardini en revenant aux dimensions spirituelles.
C'est cette forme d'hospitalité -pour et avec nos hôtes- que nous voulons vivre. Cette question ne nous préoccupe pas seulement nous, à la maison Lassalle dont je suis le directeur, mais toutes celles et ceux qui reçoivent des hôtes. Pour que cet art réussisse, pour que les rencontres deviennent des dialogues, il faut l'interaction de deux parties: celle des hôtes généreux à tous les niveaux tout comme celle des invités qui prennent la liberté d'arriver et de se reposer. Et qui se permettent d'être entièrement humains le temps de leur visite.
Il vaut donc la peine de jeter un coup d'œil sur les espaces de vie que nous ouvrons à nos hôtes respectifs. Sont-ils -dans le meilleur sens du terme- accueillants?
J'aimerais pouvoir vous montrer Bad Schönbrunn à l'occasion. Dans son ensemble et jusque dans les moindres détails, la maison Lassalle a été conçue comme un lieu d'épanouissement personnel. Avec la chapelle de la Pentecôte au sommet, elle respire l'esprit libre d'un humanisme empreint de christianisme.
C'est une autre promesse que nous, les jésuites, pouvons déceler dans notre propre histoire et notre empreinte spirituelle: Dans ses Exercices spirituels, Ignace de Loyola nous invite à nous représenter Dieu en train de – littéralement – peiner et de travailler pour nous les hommes, et pour moi personnellement (EB 236).
L'hospitalité ignatienne est inspirée et motivée par l'image d'un Dieu engagé pour nous, les hommes: le Dieu de la tradition judéo-chrétienne, qui est aussi essentiellement une sagesse de l'itinérance et des rencontres individuelles.
L'hospitalité est une invitation à vivre des expériences qui transforment. C'est dans ce sens que j'aime le panneau qui, chez nous, à la maison Lassalle, prend congé de toutes les personnes - et pas seulement de nos hôtes. C'est une promesse et une mission:
«Le chemin débute à cet instant!»
