Il est venu le temps des festivités de fin d’année ! Malgré les circonstances, difficiles pour nombre d’entre nous, nos maisons et nos villes sont décorées de lumières et les crèches sont installées dans nos salons bien chauffés. Noël est à nos portes et nombreux sont ceux qui attendent ce moment depuis des semaines et s'y préparent. Mais lorsque tout est prêt, que le stress d'avant Noël est passé, que les repas de fête ont été savamment réfléchis, les denrées parfois réservées de longue date et les cadeaux emballés, il se peut qu’on ressente une forme de fatigue et de tristesse, comme une froideur à l'intérieur. Est-on alors vraiment disposé à accueillir celui qui veut s’inviter chez nous ? Esprit Noël, es-tu vraiment là ?
Ce sentiment est parfois renforcé par le souvenir de l’an dernier, où les choses n’étaient déjà pas tout à fait comme on en a l'habitude à Noël. De nombreux rituels liturgiques et familiaux qui nous avaient permis de nous évader, au moins pour un court instant, des réalités pas toujours agréables de notre quotidien, sont devenus problématiques. Et même là où l'on ne se prive pas de la célébration traditionnelle, un vent frais d'angoisse souffle dans nos foyers, aussi joliment décorés et chauffés soient-ils.
Alors arrêtons-nous quelques instants sur l'histoire de Noël. Il n'y a pas d'endroit, aussi glacial et inhospitalier soit-il, que Dieu ne veuille choisir pour sa crèche. C'est précisément là où il fait sombre, où l’ambiance peut paraître hostile, où personne ne l'attend et où personne ne le chercherait spontanément, là aussi où les croix de la souffrance humaine semblent éteindre tout espoir et tout amour, que Dieu veut se faire homme à nouveau. Au milieu de nos déchirements et de notre vide, c’est là qu’il veut faire briller sa lumière et déployer sa vie divine.
C'est l’expression de l'amour inconditionnel de Dieu, que nous rencontrons dans l'enfant de la crèche et qui trouvera son accomplissement sur la croix. Notre maison n'est jamais vraiment assez bien préparée pour l'accueillir. Mais ce n’est pas grave. Car à l'origine de notre foi, il n'y a pas l'action mais la réception, pas notre performance mais uniquement l'initiative de Dieu. Plus nous en sommes conscients et plus nous faisons l'expérience de notre humanité et de notre pauvreté souvent douloureuse, plus nous sommes prêts à nous laisser toucher et accueillir par l'humanité de Dieu. Et là où Jésus s'installe, là où la déclaration d'amour de Dieu pour notre monde prend forme, le froid se transforme en chaleur, l'obscurité en lumière. C'est là que Noël se produit aujourd'hui.
Je vous souhaite de joyeuses fêtes à toutes et tous !
Père Beat Altenbach sj (Genève)