Le récit plein de vie de la guérison d’un aveugle de naissance est riche d’enseignements. Deux styles de relation à Dieu s’affrontent. Les Pharisiens, sourcilleux observants de la loi, condamnent par ce qu’ils «savent» que Jésus est un pécheur; il a transgressé la loi en guérissant l’aveugle un jour de sabbat. L’aveugle-né rétorque qu’il «sait» que Dieu n’exauce pas les pécheurs. Pour l’ex-mendiant, les faits sont là bien établis: il est guéri.
Deux mondes s’opposent, le réalisme de celui qui voit désormais clair et le légalisme borné qui aveugle les Pharisiens.
L’échange qui s’en suit est plein de vivacité. La verve et le bon sens du brave homme se joue de la raideur dogmatique des Pharisiens. Si, pour lui, les faits s’imposent, ses interlocuteurs sont prisonniers de règles et de traditions qui leur donnent bonne conscience en leur interdisant de reconnaître une réalité qui bouscule leur pratique. Une religion sclérosée les a rendus aveugles, tandis que l’ex-aveugle guéri de sa cécité, reste ouvert au Dieu des surprises. Puisque les ténèbres et la lumière sont incompatibles, à bout d’arguments face à une réalité têtue, les Pharisiens recourent à l’ultime et traditionnel argument, l’excommunication de celui qui dérange. Lorsqu’elle s’entête à vivre pour elle-même, la religion n’est pas un chemin vers Dieu.
Appelés à témoigner, les parents se sont défilés. L’homme est resté seul avec ses convictions. L’adhésion au Christ, la solution des questions de foi est affaire d’adulte, une prise de responsabilité personnelle. Au cours du vigoureux débat l’ex-aveugle a progressé dans la découverte du Christ. Dans celui qui l’a guéri, il a d’abord vu « l’homme qu’on appelle Jésus », puis il y reconnaitra un prophète, un envoyé de Dieu. Finalement, c’est Jésus qui le rejoindra pour se révéler à lui : la lumière est totale et l’excommunié se prosterne et adore le Seigneur.
Pour ce dimanche 19 mars 2023 par Pierre Emonet SJ : «Des ténèbres à la lumière»(Jn 9,1-41)