Le quadragénaire Pascal Meyer SJ a quitté la Suisse en 2020 pour étudier la théologie en Colombie. Le 11 novembre, il sera ordonné diacre dans la capitale Bogotá au côté de son homologue allemand Fabian Retschke SJ. Avant qu'il quiite le continent américain pour rejoindre en décembre Berlin, nous lui avons demandé comment l'expérience sud-américaine l'avait changé et comment il envisageait sa future mission dans l'église? Impressions, expériences et espoirs.
La Colombie, un pays de contrastes
Depuis trois ans, je vis et j'étudie en Colombie, à Bogotá, qui est devenue ma deuxième patrie. C'est un pays magnifique aux portes de l'Amérique du Sud, avec une biodiversité impressionnante – la Colombie est le 2e pays à la biodiversité la plus riche au monde après le Costa Rica. Sa société est marquée par une piété populaire très forte. En Colombie, tout est imprégné de charme et de convivialité : une cuisine simple et délicieuse, des rythmes de danse chaloupés et incroyablement rapides (avez-vous déjà dansé une salsa caleña?), et bien sûr des gens toujours prêts à partager un «tinto» – non pas un verre de vin rouge, mais une tasse de café noir! Mais le romantisme a aussi son côté sombre: le racisme, le sexisme (el «machismo»), la xénophobie, la violence, l'homophobie, le trafic d'êtres humains et de drogues... ce n'est pas comme si ces éléments étaient visibles ou perceptibles en permanence dans la capitale. Mais ce sont aussi des facteurs au sein de la société colombienne qui contrastent avec le message chrétien du royaume de Dieu dans un pays où plus de 80% des habitants sont chrétiens.
Quitter sa zone de confort
C’est dans ce pays que je vais être ordonné diacre le 11 novembre 2023. «En Colombie? Comment se fait-il que tu étudies dans un pays aussi dangereux en tant que Suisse?» J'ai entendu cette remarque très souvent durant mon séjour débuté en 2020, en particulier de la part des Latinos. Pour beaucoup de gens, il est inimaginable de quitter le luxe, le confort et la sécurité de nombre de pays européens pour s'engager dans une nouvelle réalité. Mais pas pour moi: dans la phase pratique de ma formation de jésuite déjà, appelée magistère, j'ai souvent quitté le nid confortable de ma communauté à Genève pour rendre visite à des étudiants dans des camps de réfugiés en Afrique, dans des régions reculées d'Afghanistan ou dans des villages ravagés par la guerre en Irak ou au Sri Lanka. Je dois avoir un côté aventurier en moi... Plus sérieusement, je pense qu’un jésuite devrait avoir en lui un peu de cet esprit missionnaire qui le porte au-delà de ses propres frontières. Il n'est pas nécessaire que ce soit sur un autre continent. Mais la stabilitas loci des bénédictins ou la forte concentration sur une seule œuvre comme dans d'autres communautés religieuses ne fait pas partie du charisme des jésuites. C’est bien davantage la flexibilité qui nous caractérise et nous permet de toujours nous questionner sur le plus grand fruit, le plus grand besoin, la plus grande nécessité à rencontrer. Nous cherchons toujours le magis, c’est à dire le «plus».
Marcher aux côtés des gens comme futur diacre
informations utiles
Église
Pour Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus, tout comme l'Église en général, doit « aider les âmes ». Depuis la fondation de l'Ordre, les jésuites se sont donc engagés avant tout dans le travail pastoral et éducatif. Pour pouvoir agir de manière plus efficace dans l'Église mondiale, l'Ordre s'est mis à la disposition du Pape. La liberté et l'obéissance font partie du caractère fondamental de l'Ordre. C'est pourquoi « l'ecclésialité jésuite » est liée à la communauté religieuse concrète dans laquelle nous allons vers le Christ, tout en célébrant une grande liberté quant à la forme dans laquelle ce lien s'exprime. Car selon les règles qui, à la fin du livre des Exercices spirituels, préconisent de « sentir avec l'Église » (« sentire cum ecclesia »), l'Esprit de Jésus vit et travaille à tout moment dans l'Église « réelle », dans toutes ses dimensions pécheresses et saintes. La gratitude prend la première place. Avant toute critique, il faut d'abord louer le bien. La critique de l'Église doit se traduire par des actes concrets de réforme et d'amélioration plutôt que par de simples paroles. La conversion personnelle de l'individu doit toujours être le point de départ.
SJ dans le monde
«Le monde est notre maison!» La célèbre phrase de Jérôme Nadal (1507–1580), l'un des premiers compagnons et le plus proche confident de saint Ignace, est toujours d'actualité. Elle fait référence à la mission universelle de la Compagnie de Jésus, valable au-delà des églises et des murs des communautés, s'adressant aux hommes de tous les continents et de toutes les cultures. Aujourd'hui, les 16'000 jésuites du monde sont issus de 112 pays. Ils travaillent dans quelque 80 provinces ou régions. Les jésuites ont pour mission d'aller au-delà de toute frontière géographique et culturelle afin de travailler avec le Christ là où on a besoin d'eux pour la gloire de Dieu. Comme il a été déclaré en 2008 lors de la 35ème Congrégation générale (D2, 23): «Le monde entier devient l'objet de notre intérêt et de notre préoccupation».
Compagnie de Jésus
La Compagnie de Jésus est un ordre religieux de l'Église catholique universelle. Notre nom, les «jésuites», vient du nom de «Jésus». Et c'est ainsi que nous nous définissons: comme des «compagnons de Jésus», des hommes qui vivent en amitié avec le Christ et se mettent à son service. À la suite de notre nom, nous ajoutons l'abréviation «sj» pour «Societas Jesu», ce qui signifie: Compagnie de Jésus.
Depuis la fondation de l'Ordre en 1540 par Ignace de Loyola, nous vivons et travaillons pour la proclamation de l'Évangile. Nous mettons l'accent sur le service de la foi, la promotion de la justice et le dialogue entre les diverses cultures et religions.«Chercher et trouver Dieu en toutes choses» et «Tout pour la plus grande gloire de Dieu» - ces mots expriment notre profil spirituel. En collaboration avec de nombreuses autres personnes qui partagent notre vision et nos valeurs, plus de 400 pères et frères vivent et travaillent actuellement au sein de la Province jésuite d'Europe centrale.
Notre action se concentre sur :
- l'Enseignement dans des écoles, des collèges et des universités (avec ou sans internat) et la recherche au sein d'instituts.
- les Exercices spirituels et l'orientation de la foi et la pastorale dans les églises jésuites
- L'engagement social notamment aux côtés des réfugiés
- La coopération internationale et le dialogue interreligieux