«Choisir son camp»

La parabole des deux fils ressemble à ces tests que proposent les Magazines pour vous faire découvrir votre profil psychologique. Deux personnages incarnent deux types de chrétiens.

D’un côté, un fils mal commode, critique et râleur, qui commence par dire non et qui finit par s’engager dans la vigne du Seigneur. De l’autre, le bon garçon, docile, édifiant, vrai béni oui-oui, toujours d’accord mais qui, finalement, n’en fait qu’à sa tête.

Une première leçon s’impose: ce ne sont pas les théories ni les belles paroles qui sont décisives devant Dieu, mais les actes. «Ce n’est pas en me disant Seigneur, Seigneur! qu’on entrera dans le Royaume des cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux». L’homme se réalise dans l’action disent les existentialistes, et leur conviction reste valable pour la vie spirituelle. Le comportement l’emporte sur les sentiments et les belles déclarations. Ceux qui font la volonté du Père ne sont pas nécessairement ceux qui, transis en dévotion, tiennent de belles théories spirituelles ou morales. Les beaux propos, les airs penchés, les soupirs mystique, les cérémonies sans danger, les bonnes grâces du curé sont du vent s’ils ne conduisent pas à l’engagement. Interrogés par Jésus, même ses adversaires étaient obligés d’en convenir: c’est le fils qui est allé à la vigne qui l’emporte.

La ligne de démarcation qui sépare ces deux personnages ne caractérise pas seulement deux types d’individus. Elle passe aussi à l’intérieur de chacun de nous. Confronté aux exigences de l’Évangile nous sommes tantôt celui qui refuse, tantôt celui qui s’engage. Une alternance faite de joie et de honte. Reste une consolation à laquelle se raccrocher: la suite du Christ n’est jamais un état définitif. Elle est un chemin, une marche en avant, succession de refus et de revirements, de reculades et de progrès. Dans la Parabole, celui qui a commencé par refuser a changé d’avis. Identifier une personne à partir d’un seul moment de son existence, la juger sur un acte isolé, constitue un manque de réalisme et une injustice. Saisir une existence –la sienne comme celle des autres– à partir de sa dynamique générale sauve du désespoir.

«Choisir son camp» (Mt 21,28-32) - méditation à partir de l’Évangile par Pierre Emonet sj pour le dimanche 1er octobre 2023

Auteur:

Pierre Emonet SJ

Né en 1936, entré chez les jésuites en 1976, il se consacre à l'écriture et aux ministères ordinaires de la Compagnie: exercices spirituels dans la vie ou en retraites, accompagnement spirituel, prédication et aide dans le ministère paroissial. Il a également été le dernier directeur de la revue choisir qui a cessé de paraître fin 2022. Il a publié plusieurs livres, et notamment trois biographies de jésuites aux éditions Lessius : Ignace de Loyola - Légende et réalitéPierre Favre (1506-1546) - Né pour ne jamais s'arrêter, et récemment Pierre Canisius - L’infatigable réformateur de l’Église d’Allemagne (1521-1597). Il a également publié eb 2023, la première biographie en français de Pedro Arrupe sj: «Pedro Arrupe, un réformateur dans la tourmente». Un livre qui lui tenait à cœur –«mon dernier» précise-t-il– tant le Supérieur général de la Compagnie de Jésus du milieu du siècle dernier est pour lui «un modèle de jésuite».

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