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Carême: le sens de la responsabilité

Qui est responsable? C’est souvent la première question que l’on pose lorsqu’un problème ou un drame survient. Qui est responsable quand le chiffre d’affaires d’une entreprise diminue, quand un club de foot enchaine une série de défaites ou quand un enfant a du mal à suivre à l’école? Et qui est responsable des dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé et de tous ces Galiléens massacrés par Pilate? Face aux multiples incertitudes et menaces de la vie, l’être humain a besoin de s’assurer et de comprendre, et cela se fait spontanément en cherchant et désignant un responsable, sinon un coupable.

La solution la plus simple est de renvoyer cette responsabilité directement aux victimes: Qu’est-ce qu’elles ont bien pu faire pour mériter ce destin? Est-ce que les morts de Pilate et de Siloé étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens? Qu’est-ce que telle personne a fait pour subir cet accident ou telle autre pour mériter cette maladie? Et si ce n’était pas de leur faute, comment Dieu a-t-il pu permettre tout cela? Nous avons besoin d’une réponse pour donner un sens à ce qui nous dépasse.

Jésus nous donne des réponses, mais peut-être pas celles que l’on attendrait: Non, ce ne sont pas les pécheurs qui souffrent plus que les autres ; et non, Dieu ne punit pas en faisant souffrir les gens. La souffrance n’a pas de sens en soi. Elle fait partie de la condition humaine et du monde. Jésus ne nous en donne aucune explication, mais il nous renvoie à notre propre responsabilité face à la réalité de la souffrance. Bien que dépourvue de tout sens en soi, la souffrance peut prendre un sens pour nous-mêmes dans la mesure où nous nous laissons toucher, transformer et mettre en route par elle. C’est ça notre liberté, notre dignité mais aussi notre responsabilité: de donner un sens à la souffrance du monde en la laissant affecter ma vie. C’est ça que Jésus veut dire quand il nous invite à nous convertir.

Au lieu de chercher partout des responsables et des coupables, que Dieu -le «Je suis qui Je suis»-, nous donne la force d’assumer notre propre responsabilité dans le monde. Qu’il nous ouvre à son appel et nous rende capables de répondre avec confiance: Me voici !

Beat Altenbach sj

Auteur:

Beat Altenbach SJ

Vit et travaille comme aumônier de prison et supérieur à Genève depuis novembre 2020. Né à Bâle en 1965, Beat Altenbach sj est entré chez les jésuites en 1996 après des études et un doctorat en chimie à l’Université de Bâle et à l’École polytechnique de Zurich. Le Bâlois est de retour en Suisse Romande depuis fin 2020 et a rejoint la communauté des jésuites de Genève dont il est le Supérieur. Après des études de philosophie à Munich et de théologie à Paris, il a travaillé comme aumônier universitaire à Zurich et à Bâle, et comme directeur du centre spirituel et de formation de Notre-Dame de la Route à Fribourg. Beat Altenbach sj est engagé dans l'accompagnement et la formation aux Exercices spirituels; il anime des retraites ignatiennes en allemand et en français. Il est un passionné et fin connaisseur de la spiritualité d'Etty Hillesum et membre du comité de rédaction de la revue choisir.
Depuis 2005, le Père Altenbach sj se forme à l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles. Depuis 2018, il est l'un des représentants religieux au sein de la Commission d'experts sur les agressions sexuelles dans l'environnement ecclésial de la Conférence épiscopale suisse. Depuis 2019, il est la personne de référence des jésuites de Suisse en matière de violences sexuelles.
Parallèlement, depuis octobre 2021, il oeuvre comme aumônier au Service de l’aumônerie catholique des prisons, à 40%, et aumônier auprès de la Pastorale des Jeunes de Genève, à 10%. 

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