@ WWF-US/Neil Ever Osborne

Variations climatiques et risques financiers sont liés

Le Fonds mondial pour la nature, organisation non gouvernementale plus connue par son sigle WWF, dans un communiqué de presse paru mi-juillet 2021 présente une étude intéressante concernant son objet social, la protection de l'environnement et le développement soutenable. Cette étude, rédigée en collaboration avec divers instituts de recherche, établit un lien entre risques financiers et biodiversité. Certes, depuis plusieurs décennies, la relation entre variations climatiques et risques financiers sont étudiés. Et les sociétés d’assurances ont pris l’habitude de rechercher, en-deçà des événements météorologiques, les liens statistiquement significatifs entre le réchauffement de la planète et les catastrophes dues à la météo. Liens élastiques, certes, mais qui apparaissent de plus en plus plausibles.

Le présent rapport du WWF va plus loin. Il met en valeur le lien entre la perte de la biodiversité (et pas simplement le dérèglement du climat) et les risques financiers. En voici le résumé. Déforestation, monoculture et surpêche sont autant de pratiques qui menacent la biodiversité et entraînent des risques financiers. Les banques centrales et les superviseurs financiers sont «sommés» de prendre en compte, de toute urgence, les risques financiers découlant de la perte de biodiversité. WWF suisse en appelle donc à la Banque nationale suisse (BNS) et à l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), et les somme d’intervenir.

Que la finance, tant des particuliers, des entreprises, des fonds communs de placement ou des collectivités publiques, soit un élément central du développement soutenable, c’est une évidence. Mais, en dehors même du souci moral de préservation de la planète, le risque est le critère financier primordial. Le WWF a donc raison de mettre en avant ce critère. Encore faut-il que l’espérance de gain ne soit pas trop grande, auquel cas, il compenserait le risque. C’est là une affaire, non des financiers, mais des régulateurs politiques. Par une réglementation idoine, la collectivité publique peut ajuster les gains espérés pour compenser le surcoût des investissements à objet social durable. C’est ce que l’Union européenne fait en prévoyant l’interdiction des moteurs thermiques pour les voitures à l’horizon de 2035, ou en interdisant certains produits nocifs pour la couche d’ozone ou pour la santé des personnes physiques.

Mentalités financières hermétiques

Un problème financier demeure cependant en suspens, celui du taux d’actualisation qui permet aux financiers de mesurer le gain futur à l’aune du coût présent. Sur ce point, la Banque nationale, la FINMA et la puissance publique n’ont pas le dernier mot; car c’est là une question, entre autres éléments, de confiance dans l’avenir… qui n’appartient à personne. C’est pourquoi, même si l’événement est quasi certain –ce que semble montrer le rapport du WWF sur la biodiversité– il impacte peu les mentalités financières lorsque l’avenir apparaît trop lointain. D’où l’utilité de cette alerte lancée par le WWF.

Reste la question politique. Dans le communiqué de presse du WWF, l’injonction donnée par une Organisation non gouvernementale à des organes publics (BNS et FINMA) est gênante; elle témoigne d’une incompréhension des contradictions que doit arbitrer les dirigeants publics. Ces contradictions, chacun les vit à son niveau, mais les oublier au niveau politique, c’est préparer des lendemains qui déchantent.

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