Les Valeurs humanistes de Genève face à Zemmour

La cheffe de l’exécutif de Genève, Frédérique Perler, «s’est opposée, aux dires du journal Le Monde (Paris), à la venue d’Éric Zemmour dans une salle municipale, au nom des valeurs humanistes de la ville.» (Site du journal Le Monde, vendredi 26 novembre 2021). Je ne peux que m’en réjouir, bien que ce type de censure me semble plus propre à favoriser la médiatisation du polémiste que de contribuer à modérer son aura sulfureuse.

Un premier signe des effets ambigus de la décision municipale en est le titre donné par le journal parisien à l’événement: «Face à Éric Zemmour, la maire de Genève rompt avec la traditionnelle neutralité suisse». Et le journal d’évoquer les esprits totalitaires, dont le plus célèbre fut sans conteste Lénine, accueillis et protégés par la cité de Calvin. Un second signe –plus attendu celui-là– est la réaction de l’avocat retenu pour animer le débat prévu avec le polémiste.

Déjà, voici un mois, le vendredi 22 octobre 2021, l’éditorial du journal La Croix (Paris) alertait les catholiques contre la tentation de s’orienter vers Éric Zemmour. Apparemment, Éric Zemmour, ce journaliste médiatique, non-encore-déclaré-candidat-à-l’ élection-présidentielle, serait plus présentable aux yeux des catholiques que Marine Le Pen qui provoque une plus grande réticence de la part des électeurs catholique que dans le reste de l’électorat. C’est ce que craint l’éditorialiste du journal catholique. Pour contrer cette menace de la tentation Zemmour, l’éditorialiste de La Croix n’a pas de mal à monter en épingle les dérives verbales qui ont valu à Éric Zemmour condamnations judicaires et désapprobations populaires.

«Sa présence n’est pas opportune dans un lieu géré par la ville; ce qui la rendrait complice de la propagation de messages haineux…» expliquait Frédérique Perler sur les ondes de RTS Radio le dimanche 14 novembre dernier. Je n’en disconviens pas, car cet argument est le mien, bien que je sente la fragilité juridique d’une décision fondée sur des valeurs, et l’usage pervers qu’un gouvernement moins scrupuleux pourrait faire de ce type d’argument contre les options politiques qui lui déplaisent. (Car les valeurs sont les véritables motivations des options politiques.)

“Il aurait mieux valu évoquer l’ordre public que les valeurs humanistes.”

Sans vouloir dramatiser à outrance ce qui est qu’une anecdote secondaire, il me semble que fonder une décision officielle sur des valeurs et non pas sur un texte juridique, c’est ouvrir la porte de l’abus de droit. Comme disent les juristes: la Cour appréciera.

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