Les étrangers se bousculent aux portes des unis suisses

L’attitude froide -les cyniques diraient malveillante- de l’Union européenne envers la Suisse n’empêche pas les Universités et les Grandes Écoles helvétiques d’attirer les étudiants étrangers. Le nombre des étudiants venant de France a augmenté de 4% en un an, celui des étudiants allemands de 8%. Il n’y a là rien de quoi inquiéter, bien au contraire -quoi que…

L’attention a été attiré par la très forte augmentation des étudiants chinois. Même si l’on distingue -ce que n’a pas fait l’École polytechnique fédérale de Zurich- entre les étudiants venant de la République populaire de Chine et ceux venant de Taiwan, 27% d’augmentation en un an, cela paraît beaucoup pour ne pas être suspect.

Certains observateurs de bonne foi craignent une sorte d’offensive d’espionnage. Ce n’est pas exclu. Ayant été durant douze ans directeur des études dans une école d’ingénieurs, j’ai pu être témoin de la façon dont certaines entreprises manipulaient étudiantes ou étudiants de doctorat. Sous couvert de recherches ces études relevaient en fait de l’espionnage industriel ou commercial. Parfois même étudiantes ou étudiants en étaient eux-mêmes fort conscients et se prêtaient au jeu (non sans arrière-pensée d’embauche). Il est de notoriété publique que les laboratoires qui accueillent des chercheurs étrangers sont à la merci de ce genre de manœuvre -à charge de revanche, le plus souvent. Le phénomène est d’autant plus répandu dans les pays comme la France qui connaît un fort déficit d’étudiants et d’étudiantes orientés vers les sciences.

En contrepartie, il faut souligner que les étudiants étrangers sont un investissement pour la Suisse. Pas simplement en termes de rayonnement culturel ou de propédeutique à des relations plus courtoises à l’avenir -ce qu’un pays à vocation internationale comme la Suisse ne peut pas négliger- mais également en termes économiques et stratégique.

À destination de ceux et celles qui le craindrait, je voudrais quand-même relativiser le danger d’espionnage. Car il dépend du type de recherche, de la spécialité du laboratoire, du niveau des étudiantes ou des étudiants. Les recherches les plus pointues dans les établissements d’excellence -je pense à l’EPFZ- sans parler des laboratoires à vocation stratégique, sont parfaitement conscients de ces dangers et savent le prévenir. Certes, une faille n’est jamais exclue; mais on ne peut pas parier sur la faille. Car, comme disait Paul Valéry, on ne peut pas savoir aujourd’hui ce que l’on ne saura que demain.

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