Du 6 au 9 juin 2024, les Européens voteront pour désigner leurs futurs députés au Parlement. À Bruxelles, au cœur du quartier européen, la chapelle de la Résurrection réunit les chrétiens qui y travaillent et assure une présence catholique à vocation œcuménique, écrit Pierre Jova dans un article du journal La Vie.
La chapelle de la Résurrection se situe au beau milieu d’une ruche de quelque 40’000 fonctionnaires de l’Union européenne (UE) et propose notamment chaque matin une prière suivie d’un petit déjeuner pour les fonctionnaires européens, relève le jésuite allemand qui anime la chapelle, Bernd Günther. L’histoire du lieu est digne de la construction européenne. L’édifice faisait partie d’un couvent désaffecté, que la Commission européenne voulait racheter et transformer en centre de presse, à la fin des années 1990. Une poignée de Belges et de fonctionnaires européens, tous catholiques, ont uni leurs forces pour sauver la chapelle. «Notre vocation est d’offrir un ancrage spirituel à ceux qui travaillent dans les institutions, souligne Bernd Günther. Beaucoup ne trouvent pas de lieu pour vivre leur foi et sont en recherche. Nous voulons les aider à trouver un sens, et aller au-delà de la technocratie.»
Spiritualité ignacienne
L’expertise ignatienne dans l’accompagnement spirituel se révèle ici précieuse! «L’an dernier, nous avons lancé une formation intitulée "Spirituality for busy people" (Spiritualité pour gens occupés), car notre défi est de former une communauté de gens âgés de 30-40 ans qui n’ont pas le temps!», indique le jésuite. «Nous ne sommes pas un lobby chrétien auprès des institutions!», sourit Bernd Günther. Mais la chapelle prend au sérieux l’interpellation de Robert Schuman, reprise par Jacques Delors :
«L’Europe doit se trouver une âme.»
De nombreux chrétiens, devenus minoritaires sur le Vieux Continent, ont du mal à se reconnaître dans l’UE alors qu’un document interne de la Commission en 2021 proposait de remplacer «Noël» par «vacances d’hiver». Une divergence éthique s’est creusée: il est question d’inscrire l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE et de reconnaître la filiation des couples de même sexe dans tous les États membres – même si une directive européenne criminalisant la GPA “à des fins d’exploitation” a été adoptée en janvier 2024.
«Nous estimons que l’âme européenne réside dans quelque chose de plus profond que l’économie et la politique», commente Bernd Günther. «Dans cette Europe en train de se développer, les chrétiens ont toujours quelque chose à apporter.»
Laboratoire décalé de la vie de foi entre différentes cultures, la chapelle de la Résurrection est à l’image de la chrétienté européenne. «Nous ne sommes plus majoritaires mais nous sommes présents», conclut le jésuite, qui attire notre attention sur le deuxième nom du lieu: la chapelle pour l’Europe – et non pas «de» l’Europe.