Il était une fois... le Collège St-Michel

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07.01.2024

Le Collège St-Michel de Fribourg est connu bien au-delà des frontières cantonales. Mais que savez-vous de ses différentes phases de construction et de l’évolution du site? Que diriez-vous d’une petite visite virtuelle? Venez, je vous emmène dans un petit voyage à travers le temps…

La genèse du Collège St-Michel remonte au dernier quart du XVI^e siècle, en pleine contre-réforme, plus précisément en 1581. Ces Messieurs de Fribourg souhaitent que la jeunesse fribourgeoise puisse faire des études supérieures dans le canton et dans la foi catholique. Ils acceptent donc la fondation d’un collège et en confient la gestion et la direction aux Pères jésuites dont la pédagogie moderne est très appréciée.

Plan Sickinger 1582 © Musée d’art et d’histoire Fribourg / Primula Bosshard

La colline du Belsaix [1] est choisie pour accueillir le nouvel établissement scolaire. Le site est déjà occupé par plusieurs bâtiments et vergers, comme le montre le plan Sickinger (ci-dessus). L’intégralité des propriétés est achetée en 1581. Initialement, on prévoit d’installer les élèves dans la maison forte appartenant à l’avoyer von Lanthen-Heid, mais finalement il est décidé de détruire l’intégralité des bâtiments afin de faire place à un tout nouvel édifice répondant mieux aux besoins.

Le Gymnase est le premier édifie à être érigé. La construction s’échelonne entre mars et décembre 1584. L’aménagement intérieur est réalisé l’année suivante. Sur la façade sud, figure un bas-relief représentant les armoiries de la ville. L’origine de cette sculpture n’est pas claire mais sa présence en réemploi marque la reconnaissance des jésuites pour le soutien apporté à l’édification du collège.

Poussons maintenant la porte de bois en plein ceintre… nous voici dans le corridor du rez-de-chaussée. Face à nous, une seconde porte débouchant sur la cour d’honneur du collège. A l’origine, cet espace était un atrium. Le manque de salle au fil du temps a nécessité sa transformation en deux salles de cours. Sur notre droite, un long corridor dessert les salles de classe du rez-de-chaussée. L’accès aux étages se fait par deux cages d’escalier en colimaçon à chaque extrémité du bâtiment. Prenons celle juste à notre droite dans la tourelle hexagonale attenante à la façade occidentale. Le premier étage s’ouvre sur un couloir rectiligne desservant des salles de classe.

Cellule de réflexion © Service des biens culturels, État de Fribourg, Alain Kilar

Continuons notre ascension. Sur le palier, à notre gauche, une discrète porte, s’ouvrant sur une petite pièce étroite et sombre. Aujourd’hui elle fait office de local de nettoyage mais les graffitis laissés par d’anciens occupants nous indiquent que cet espace exigu a servi par le passé à discipliner des élèves quelques peu récalcitrant. (Ill.2). Le second étage est aujourd’hui la copie conforme des étages inférieurs mais à l’origine la quasi-totalité de l’espace est occupé par une salle de théâtre.[2] Continuons notre visite vers les combles.

A partir de 1660, elles sont aménagées pour accueillir une bibliothèque. A la fin des années 1990, elles seront réaménagées en salle d’arts visuels. Traversons l’étage pour rejoindre la seconde cage d’escalier et l’aile du Collège.

Les travaux de construction du bâtiment du Collège débutent entre 1584 et 1586. Sa toiture n’est posée que durant l’hiver 1588/89. L’année 1596 marque la fin de la première phase des travaux et élèves et professeurs prennent possession des lieux le 21 octobre.

Portail de bois du rez © Service des biens culturels, État de Fribourg, Alain Kilar

Continuons notre visite de ce dernier étage. A l’origine, les combles servaient de dortoir mais au début du XX^e siècle, lits, armoires et lavabo cèdent la place à des salles de cours. Redescendons par l’escalier en colimaçon à notre gauche. Le second étage, aujourd’hui occupé par des laboratoires de langue, une salle de dessin et un espace d’exposition était à l’origine organisé autour de deux salles d’études et d’un espace récréatif. Longeons le couloir, pour accéder à l’escalier droit et rejoindre le premier étage. Celui-ci est dévolu à l’enseignement depuis toujours. Au début du XX^e siècle, le salon des professeurs se trouvant à la jonction avec l’aile occidentale devient le second étage de la bibliothèque. Continuons notre visite vers le rez-de-chaussée. Au bas de l’escalier, à notre gauche, un espace avec quelques tables donne accès à l’escalier menant à une cave voûtée. A droite, notre regard est attiré par un magnifique portail de bois.

Chapelle domestique et chambre mortuaire de Pierre Canisius sj © Service des biens culturels, État de Fribourg, SHAS2007

Passons-le. Le dallage de pierre usées par le passage de milliers d’élèves au fil des siècles, nous mène vers la pièce la plus importante de cet étage, la chapelle funéraire du fondateur. A l’origine cette chambre était l’infirmerie des pères. Pierre Canisius y passe les derniers jours de sa vie. Elle devient alors chambre funéraire puis chapelle domestique à partir de 1636. En 1904, elle est dotée d’une seconde porte s’ouvrant sur la cour d’honneur du Collège.

La façade nord de l’aile du Collège est flanquée de deux tours carrées. Dès l’origine, toutes deux servent aux commodités. La tour nord-est a longtemps porté la trace de l’ancienne pharmacie du Collège construite entre 1690 et 1735 [3]. Elle devient buanderie au XIX^e siècle et est détruite dans la première moitié du XX^e siècle.

Les bâtiments du Gymnase et du Collège marquent la première phase de construction du Collège St-Michel. A suivre...

Chapitre 2: Saint-Michel, son église et son aile occidentale

Ancienne pharmacie du collège © Service des biens culturels, État de Fribourg, ASBC 1973

[1] La colline dominant le ravin du Varis et le plateau d’Alt apparaît dans les documents sous divers toponymes selon les époques : Belsaix, Bisex, Bisé, Belzé, … mais il s’agit toujours de la colline sur laquelle a été implanté le Collège des Jésuites de Fribourg

[2] Les arts occupaient une place importante dans la pédagogie jésuite.

[3] Marcel Strub date cette pharmacie de 1690 alors que Ivan Andrey énonce la date de 1735.

Bibliographie (identique pour toute la série sur l’évolution du bâti)

ANDREY Ivan, Ad Majorem dei Gloriam : Le trésor de la Grande Congrégation latine et la pharmacie du Collège Saint-Michel de Fribourg, Musée d’art et d’histoire de Fribourg, Fribourg 1990, 28-29

BERCHTOLD Jean Nicolas Elisabeth, Histoire du Canton de Fribourg, t. II-III, Fribourg 1852

LE COLLEGE ST-MICHEL AUJOURD’HUI/ DAS KOLLEGIUM ST. MICHAEL HEUTE 2017, Ouvrage collectif, édition de la Sarine, Fribourg 2017

REAMY Alfred, Canton de Fribourg, Collège St-Michel, gymnase : pensionnat des jésuites (ancien), orphelinat, écoles, séminaire, anciens élèves, nomenclature : université, lycée, Muséé cantonal Pérolles, Posieux 1902

REAMY Alfred, Canton de Fribourg : évêché, séminaire, Collège St-Michel, Université, châteaux, tours, villas, eaux & forêts, profession, industrie (nomenclature), Hauterive, Posieux 1906

STRUB Marcel, Les monuments d’art et d’histoire du canton de Fribourg, t. III, « La ville de Fribourg », Bâle 1959

Bio express

Après une maturité fédérale en économie au Collège de Gambach, Geneviève Genoud s’inscrit à l’Université de Fribourg en Histoire et Français. En cours de son cursus, elle se réoriente vers la géographie. En parallèle de ses études, elle collabore avec le service archéologique et le musée de Vallon en médiation culturelle. Après un master en sciences historiques avec spécialisation en histoire médiévale, elle passe un diplôme d’enseignement pour écoles de maturité en histoire et géographie. Elle passe sa période de stage au Collège St-Michel. Ayant développé un grand intérêt pour la conservation du patrimoine, elle fait un stage auprès du Service des Biens Culturels. C'est à cette occasion qu'elle rédige un rapport sur l’évolution du bâti du Collège St-Michel. En 2019, elle s’inscrit à l’Université de Neuchâtel pour une formation complémentaire en histoire de l’art. Le sujet de son travail de Bachelor traite de l’histoire du Pavillon Raoul Pictet, l'ancien pavillon du Collège St-Michel aujourd’hui disparu.

Il était une fois... le Collège St-Michel

Bibliographie (identique pour toute la série sur l’évolution du bâti)

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