• Hacker © Pete Linforth pour Pixabay

Cyberattaques: des pirates et des corsaires

Les attaques informatiques se multiplient dans le monde, en particulier en Suisse. Après le comparateur en ligne Comparis, la Cinémathèque suisse, l’entreprise Matisa, DBS Group, les Éditions Slatkine, les communes de Rolle et de Montreux, l’hôtel Waldhaus de Flims, l’importateur automobile Emil Frey, c’était au tour jeudi dernier de l’entreprise de services aéroportuaire Swissport, occasionnant des retards au décollage de certains avions. Ces attaques cherchent à s’infiltrer via Internet dans le système informatique d’une entreprise, d’une administration, d’un hôpital ou d’un particulier, pour le neutraliser et demander une rançon. «L’année dernière a vu une explosion des cas de cyberattaques en Suisse», conclut un journal genevois avant de rapporter la hausse de 65% (par rapport à 2020) du nombre des tentatives d’intrusions enregistrées par les entreprises helvétiques.

Je ne gloserai pas sur la réaction biface provoquée par de telles violences informatiques. D’une part l’appel à la puissance publique, d’autre part la course à la protection de leur système informatique de la part des administrations, des entreprises et des particuliers, ce qui booste les sociétés spécialisées dans la sécurité informatique.

Je remarque simplement que l’insécurité informatique provoquée par les hackeurs a quelque chose de commun avec celle du transport maritime de jadis. Les bateaux de commerce devaient se méfier de deux sortes d’attaquants, les pirates et les corsaires. Les pirates, à l’instar de ceux qui rodent aujourd’hui encore au large de la corne de l’Afrique, travaillaient pour leur propre compte et ne pouvaient trouver refuge qu’en des lieux ignorés de tous. Les corsaires en revanche travaillaient pour le compte de leur pays d’origine -ce qui n’en faisait pas pour autant une activité moins lucrative- payaient un tribut à leur souverain, moyennant quoi ils pouvaient se réfugier dans les ports du pays.

Contre les pirates informatiques, à défaut d’une sorte de gendarmerie internationale qui prendrait le relai de la sécurité sur les routes de jadis, chacun doit s’armer au prorata des risques du système électronique qu’il utilise. Il y a là une course poursuite qui se joue sur l’ingéniosité des défenseurs et des attaquants; et je n’imagine pas le triomphe définitif d’un groupe ou de ses opposants, car la complexité croissante des systèmes digitaux fait naître des failles par où s’infiltrent les malfrats.

Contre les corsaires (et je ne pense pas qu’ils soient tous russes), la vigilance politique est de mise, sans naïveté envers nos amis. «Protèges-moi de mes amis» dit la prière du sage.

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