Après le Grippen, le F35 pour l’aviation militaire suisse

Après avoir bouté la France hors de la coupe d’Europe de football, la Suisse vient, jeudi dernier 1er juillet 2021, de déclarer hors-jeu l’avion militaire français Rafale du constructeur Marcel Dassault au profit de l’avion de combat américain F35 du constructeur Lockheed-Martin. Les réactions négatives ne se sont pas fait attendre, les mouvements de gauche menaçant déjà le projet d’une votation populaire, dans l’espoir de renouveler le succès obtenu voici quelques années contre le Gripen suédois du constructeur Saab. J’imagine que le choix helvétique s’étant porté sur n’importe quel autre avion d’un quelconque pays se serait vu menacer de la même manière.

Je n’entrerai pas dans les débats sur la fiabilité du F35 qui, d’après les documents officiels américains, pâtit d’une incrémentation technique permanente. L’adaptation en continu a certes le mérite de garder le produit à la pointe du progrès. Elle a cependant l’inconvénient de fragiliser le matériel et d’accroître l’insécurité qui a déjà coûté la vie à plusieurs pilotes du F35. Cette fragilité est le sort de la complexité croissante, dont Teilhard de Chardin sj prétendait qu’elle constituait le troisième infini (avec l’infiniment grand et l’infiniment petit).

Laissant donc les côtés techniques et la sécurité du matériel, je ne peux que rejoindre ceux des commentateurs qui doutent que l’argument technico-économique soit le seul qui ait été pris en compte – n’en déplaise à la présentation officielle faite par le Conseil Fédéral. L’argument politique, dans ces domaines militaro-industriels, joue toujours à plein. D’autant plus que l’utilisation du matériel, son entretien, sa maintenance, dépend d’un fournisseur soumis à la politique changeante de gouvernants étrangers.

La Suisse, a-t-on dit, veut se concilier le grand frère Américain -ou s’y soumet volontairement, car les USA sont dans une position de force. Dans le meilleur des cas, la Suisse joue la même carte géopolitique que l’Allemagne -contre la politique souverainiste française. Comme l’Allemagne, la Suisse compte sur les États-Unis pour assurer sa protection militaire contre les puissances hostiles, au grand dam de l’Union européenne. Victoire pour les USA, donc. Mais en même temps ce serait alors une réponse pratique aux exigences non négociables imposées récemment par l’Union lors des discussions de l’accord cadre.

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