Deux histoires de guérisons imbriquées l’une dans l’autre, qui ont de nombreux points communs. La fille de Jaïre et la femme qui souffre d’une perte de sang se trouvent dans une situation désespérée. La fillette est finalement morte, et la femme, après s’être ruinée en courant les médecins, est toujours aussi malade.
Dans les deux cas, la foi est la frontière entre la maladie et la guérison, entre la vie et la mort, le point décisif où tout bascule. Pour le père de l’enfant comme pour la femme il a fallu de l’audace pour faire confiance à Jésus envers et contre tout, et croire qu’il y avait encore une solution alors que tout semblait perdu. Sa maladie rendait cette femme impure, et lui interdisait tout contact avec d’autres. Malgré tout, transgressant la loi, elle touche Jésus en cachette. Plus décisive que l’interdit, sa confiance l’a sauvé. Alors qu’elle s’attend à être grondée, Jésus la félicite d’avoir eu le courage de transgresser. Le père de la petite aussi fait confiance en résistant aux conseils pleins de bon sens de son entourage qui lui dit de laisser tomber puisque l’enfant est morte.
Dans un cas comme dans l’autre, l’Évangile laisse entendre que le contact physique avec Jésus a été le chemin de la guérison. La femme a touché Jésus, et la petite fille se relève lorsque Jésus touche le cadavre, la saisissant par la main. Deux gestes interdits, mais qui apportent tout de même le salut!
Parce que la rencontre avec la divinité est dangereuse, les religions ont régulièrement dressé des barrières entre le divin et le profane, le domaine de Dieu et celui des hommes. Le mystère de l’Incarnation a beau les avoir culbutées pour réduire l’écart, une piété mal éclairée tente de les rétablir en multipliant les rites et les interdits. Jésus a institué les sacrements comme des passerelles pour rejoindre et toucher ceux et celles qui ont besoin de miséricorde, de pardon et de courage, et les fonctionnaires du sacré en ont fait des barrières en multipliant les mises en garde. Les deux épisodes de notre évangile leur infligent un démenti.
Méditation à partir de l'Evangile de Pierre Emonet sj pour le dimanche 26 juin 2021 (Mc 5,21-43)