«Parce que le monde s’use, comme chacun de nous, et s’en va vers une vieillesse qui annonce la mort, la question revient inexorablement: Quand? Comment? Chacun se la pose plus ou moins ouvertement ou dans le secret de son cœur. Avec une pointe d’angoisse. Chaque époque s’essaie à imaginer la fin, toujours catastrophique comme il se doit, puisque le navire sur lequel nous sommes embarqués doit sombrer. Pour le monde biblique, les images apocalyptiques sont le langage obligé: tribulations, pandémies, obscurité, folie des astres dans le ciel, tremblements et séismes, tsunamis en tous genres, désagrégation de l’univers, un vrai scénario de bande dessinée.
Jésus, qui appartient à cette culture, utilise le même genre littéraire. Loin de recourir à ces mêmes images pour terrifier ses disciples, il les désamorce, pour rassurer. Si le monde se démantibule et craque par toutes ses coutures, ne vous étonnez pas, c’est dans l’ordre des choses, une loi physique. En annonçant la dislocation du monde physique et matériel, ces phénomènes ne sont que le côté spectaculaire d’un univers qui vieillit et s’efface pour laisser la place à Celui qui se rend de plus en plus présent sous le voile des énergies et de l’élan vital. Vous croyez en un Dieu bon et ami de la vie, ouvrez donc les yeux de la foi pour percevoir à travers les fissures la nouveauté qui s’annonce: le Fils de l’Homme qui vient prendre possession de l’ensemble du monde à travers le vieillissement évolutif de la création. Ce qui terrorise et déstabilise celui qui n’a pas d’autre horizon que le monde matériel ne doit être, pour vous croyants, que l’annonce d’un heureux événement. La chrysalide se brise pour que le papillon se libère; la gangue se disloque pour que le Christ soit tout en tous. Et Jésus de conclure: exercez-vous donc dès maintenant à repérer l’heureuse nouveauté annoncée par les signes avant-coureurs d’un nouveau printemps. Surtout ayez confiance!»
«Quand le monde se déglingue» (Mc 13,24-32) - méditation du dimanche 14 novembre 2021 de Pierre Emonet sj