Assis dans le Temple, Jésus observe les fidèles qui viennent déposer leurs offrandes dans la salle du Trésor. La vanité des scribes qui plastronnent en public est manifeste: vêtements d’apparat, salutations et courbettes, présidences et places d’honneur, passe-droits, piété manifeste, ils se donnent en spectacle et font la roue comme des paons. Et avec cela, cupides et habiles à abuser de la bonne foi des pieuses femmes pour les tondre «au profit de nos bonnes œuvres». Jésus qui ne supporte pas l’hypocrisie, dénonce ces m’as-tu vu, qui cachent leur goût du pouvoir et de l’argent sous des airs dévots de bons pratiquants.
Voici en contrepoint une de ces femmes. Veuve, sans homme pour la défendre dans ce milieu machiste, pauvre de surcroît, elle se faufile au milieu de ce beau monde. Si les riches aiment se faire voir, en mettant ostensiblement de fortes sommes dans le tronc, elle n’y glisse que deux petits sous, une somme dérisoire, qui ne fait pas de bruit, mais représente beaucoup pour elle. Son geste s’est sans doute perdu dans l’indifférence générale, mais il n’a pas échappé à Jésus, qui commente: elle est plus généreuse que tous les autres, parce qu’elle a pris sur ses propres besoins, tandis qu’eux ils n’ont donné que de leur superflu.
Faut-il en conclure qu’aux yeux de Jésus le disciple idéal devrait se dépouiller jusqu’à finir ses jours à l’aide sociale ou sur la paille? Pas nécessairement. Lui-même avait un pécule confié à Judas. Commentant le geste de la veuve, il rappelle à ses disciples que la mesure de la générosité ne passe pas uniquement par le porte-monnaie. Peu importe si ce qui est donné est beaucoup ou peu. La vraie question est: êtes-vous dans votre don, comme la veuve, ou contentez-vous d’un geste extérieur pour vous acheter une bonne conscience. «Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur» (Mt 6,21).
«Là où est ton cœur, là est ton trésor» (Mc 12,38-44)
Méditation pour le dimanche 7 novembre 2021 de Pierre Emonet sj