• Conseil de rédaction de la revue "choisir" - 1979
  • Lors de la messe du pape François à Genève en 2018 @ SJ-Bild/Céline Fossati
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Albert Longchamp sj fête ses 80 ans

Jésuite romand reconnu pour ses talents d’écriture, journaliste passionné, ancien rédacteur en chef de la revue choisir et de l’hebdo l’Écho Illustré, Albert Longchamp fête ses 80 ans! En cet important anniversaire, Jean-Blaise Fellay sj lui rend hommage.

Ce mardi 31 août 2021, le Père Albert Longchamp sj a fêté ses 80 ans avec des amis et des confrères à l’EMS de la Terrassière à Genève. C’est ici que, depuis deux ans, il a trouvé un havre de paix après des décennies de vie aventureuse. Né dans le Gros de Vaud, à Echallens, Albert a pourtant bien vite quitté les champs pour intégrer une école secondaire genevoise avant de terminer le lycée en allemand dans le collège bénédictin d’Engelberg. Il a pris ensuite la direction du noviciat jésuite de Fribourg. Cette vocation ne le détourna pourtant pas sa véritable passion, l’écriture, signant notamment à cette époque un texte sur Jean-Paul Sartre dans la Gazette de Lausanne. Ma mère me l’envoya en me disant: «Comme j’aime ce qu’écrivent les jeunes d’aujourd’hui!». Ce à quoi je lui répondis: «Je te comprends, il est d’ailleurs avec moi au noviciat!». Il avait déjà conquis une lectrice.

Entre 1965 et 1968, Albert Longchamp se retrouve à Munich pour ses études de philosophie, puis à Lyon-Fourvière pour celles de théologie (maîtrise en 1974). Parallèlement, il obtient une licence en lettres et une maîtrise en sociologie à Lyon III. Nous nous suivions, mais toujours à une année de distance. Puis nos chemins se séparèrent. Il prit la direction de New-York et de la sociologie, moi celle de Genève et de l’histoire de l’Église. En 1974, Albert se retrouve à Paris, à la rédaction de Témoignage chrétien, et moi à l’Institut d’Histoire de la Réformation.

C’est Raymond Bréchet sj qui nous appela tous deux à la rédaction de la revue choisir. Cette dernière avait passé par une crise: une équipe effervescente de jeunes universitaires, plus doués pour les grands débats théoriques que pour la ponctualité d’une revue mensuelle, avait effarouché les lecteurs. Il fallait repartir à nouveaux frais.

Je me souviens de nos retrouvailles sur les bords de l’Arve. Nous étions très vite tombés d’accord sur la répartition des tâches. Lui, qui gardait un pied à Paris, s’occuperait de la recherche des manuscrits; et moi, qui venais d’une famille d’imprimeurs, je prendrais en charge la mise en page et la production. Nous partagions le projet d’une revue qui abandonnerait la forme austère des publications jésuites de l’époque pour aller en direction d’un magazine, avec des illustrations et des articles plus courts et plus proches de l’actualité. Je m’inscrivis aux cours de journalisme à Lausanne et entamais la collaboration avec l’imprimerie St-Paul de Fribourg. Albert, lui, ne se contenta pas de Paris mais multiplia les voyages vers l’Amérique latine, suivait les mouvements du tiers-monde, les affaires romaines et la théologie de la libération.
Ajoutons que notre confrère et collègue Jean-Bernard Livio sj, qui était également inscrit au RP (registre professionnel), collaborait avec la radio et la télévision, et revenait de ses nombreux voyages au Proche Orient avec une moisson de thèmes et de préoccupations. Nous lancions bientôt à Carouge le Centre de Documentation et de formation religieuse (cedofor) qui fournissaient à nos collègues de la presse et des médias des dossiers sur tous les sujets qui pouvaient les intéresser.

Il devenait de plus en plus nécessaire pour Albert de se rapprocher de Genève. Ce fut difficile pour lui de quitter Paris. Par chance, l’hebdomadaire l’Écho Illustré cherchait un nouveau rédacteur en chef, et sa candidature fut rapidement acceptée. Il donna un style et un titre nouveau à ce qui devint l’Écho Magazine. Ses éditoriaux trouvèrent tout de suite un public attentif. Albert avait la plume légère, le style vif, un regard volontiers critique mais toujours porté par un grand sens humain et un attachement profond à l’Église. Il se sentait plus à l’aise dans la parution hebdomadaire que dans la tonalité plus distanciée d’un mensuel.

L’équipe des jésuites genevois des années 1975-1995 formait un centre très actif et bien inséré dans le monde des médias. Nous étions régulièrement invités sur les ondes et les écrans de Suisse romande, et avons même participé au lancement de Radio-Cité, la radio des églises genevoises. Cela ne nous empêchait nullement de participer aux activités pastorales et universitaires, à la formation théologique et catéchétique, au mouvement œcuménique, par des cours, des conférences et des engagements en paroisse.

Mais c’est par l’écriture qu’Albert a vraiment réalisé l’unité de ses dons. Elle correspondait à son tempérament profond. Elle lui a permis de rassembler sa vocation religieuse et sacerdotale, sa curiosité intellectuelle, son sens aigu de la justice et son envie de grand large. Cependant, c’est dans sa chambre, le soir, qu’il trouvait véritablement son lieu. Il aimait bien travailler de nuit. Je le revois devant son ordinateur, flanqué d’un pupitre de lecture. Il avait toujours un livre, une revue, un journal sous les yeux et il en tirait avec zèle des extraits. Mais avant tout, inévitablement, il allumait sa fidèle compagne, la pipe. Il était incapable, comme Simenon, de rédiger une seule ligne sans voir monter la fumée du tabac. Elle était un symbole d’inspiration.

Cet attachement lui a probablement coûté cher. S’il stimulait son esprit, il noircissait ses poumons et contribuait à l’affaiblir. Cependant, notre cher Albert a atteint ses 80 ans dans une belle sérénité. Et il flotte encore autour de sa personnalité des visions d’espaces, de voyages, d’amitiés et de convictions. Et une petite odeur de tabac hollandais.

Auteur:

Né en 1941, entré chez les jésuites en 1961, spécialiste de l’Histoire de l’Église, était engagé comme directeur spirituel au Séminaire diocésain du Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg et au Séminaire diocésain de Sion. Le Père Fellay a été rédacteur en chef de la revue culturelle choisir, directeur du centre interdiocésain à Fribourg, professeur à l'Institut Philanthropos et responsable du programme de formation du domaine de Notre-Dame de la Route à Villars-sur-Glâne.

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