Se rapprocher de Dieu grâce à la poésie

Andreas Schalbetter n'est pas du genre à raconter sa vie au pied levé. Il préfère condenser ses souvenirs et ses expériences dans des textes lyriques. Il a publié un recueil de poèmes l'année dernière.

Nous évoquons longuement le Valais et ses montagnes, ses forêts et ses glaciers, qui se transforment souvent en métaphores dans les récits d'Andreas Schalbetter. «L'essence même des montagnes, leur beauté, transmettent une religiosité naturelle», déclare-t-il. La présence de Dieu se laisse particulièrement deviner dans le désert, au bord de la mer et dans les montagnes. La Création est perméable au divin, à l'inexprimable.

Exploitant d'une scierie avec son beau-frère, le père d'Andreas Schalbetter était aussi organiste à l'église Saint-Pierre. Sa mère chantait dans la chorale de l'église et lui a transmis sa passion. Presque tous les enfants Schalbetter jouaient d'un instrument. Andreas a appris le piano avant, de se mettre à l'orgue. À Noël ou certains dimanches, la famille se réunissait pour jouer de la musique.

Être catholique en Valais

«Dans les années 1970, le Valais était une unité culturelle bilingue», explique le jésuite à propos de son canton d'origine. La plupart des habitants assistaient à la messe le dimanche. Le curé était une institution. À Grengiols, par exemple, c'est lui qui a contribué à fonder la fromagerie d'alpage, la banque Raiffeisen et la coopérative de consommateurs. «Chez nous, le curé représentait un véritable agent de développement.» Aujourd'hui, la sécurité matérielle et la sécularisation entraînent un certain étiolement de la foi, selon lui.

«Après une remise en question de ma foi à l'âge de 17 ans, devant la beauté de la nature et suite à une réflexion saine, je suis arrivé à la conclusion qu'il était plus probable qu'il existe un Toi divin», confie Andreas Schalbetter. Il est resté fidèle à sa décision, ferme dans sa foi, tel son arbre préféré, le mélèze. Ce conifère massif a besoin de peu d'eau et pousse lentement, mais il offre un son merveilleux lorsque le vent fait bouger ses branches tombantes.

En réalité, après avoir obtenu son diplôme au collège Spiritus Sanctus de Brigue et terminé son séminaire de formation à Sion, Andreas Schalbetter se destinait à étudier la musique. Mais après un séjour au sein d'une mission de l'ancienne République sud-africaine du Transkei et plusieurs expériences de vocation à Taizé et Assise, il décidait d'entamer des études de théologie.

Sur le chemin de la liberté intérieure

Andreas Schalbetter a suivi ses premiers Exercices spirituels de 30 jours durant ses études de théologie à Fribourg. «Les Exercices spirituels décrivent un chemin intérieur vers une plus grande liberté, vers un choix de vie: quiconque les pratique se perçoit plus consciemment comme faisant partie de la Création, donc aimé, voulu et créé par Dieu», écrit Andreas Schalbetter dans son recueil de poèmes. Depuis 2003, il anime des Exercices spirituels ignaciens et a accompagné de nombreuses personnes dans leur chemin spirituel.

Ses études théologiques ont mené le candidat au sacerdoce jusqu'à Rome, à l'Université pontificale grégorienne. Il a ensuite suivi un cours de communication à l'Université d'Innsbruck et effectué son Troisième An pour préparer ses derniers vœux de jésuite, à Dublin et au Kosovo.

«Plus je me suis éloigné de notre village dans ma vie, plus j'ai compris l'importance de nos glaciers.» À chacun de ses retours en Valais, il a pu constater à l'œil nu à quel point le glacier d'Aletsch reculait.

Andreas Schalbetter souhaite participer activement à la transition énergétique. Après son noviciat, il n'a pas pris l'avion pendant dix ans. Au sein de leur communauté, les jésuites ne mangent de la viande que le dimanche, ce qui lui convient bien. À la place du Maroc, il a déplacé le voyage annuel avec les étudiants au Simplon, en Valais.

Écologie, justice sociale et spiritualité

Mais les mesures individuelles ne suffisent pas, selon Andreas Schalbetter: il faut des décisions politiques. Dans son travail, il encourage les étudiants à prendre parti. Mais il est avant tout théologien, religieux et prêtre. Le jésuite veut associer l'écologie et la justice sociale à sa spiritualité. «La religion peut renforcer la confiance profonde et donner aux gens une justification au renoncement, par égard pour les générations futures», déclare-t-il.

Andreas Schalbetter propose ensuite de faire une pause, il a déjà beaucoup parlé. Nous commençons une visite guidée du bâtiment des années 1960. Il est imposant et un peu lugubre. Au bar, il y a du café. Andreas Schalbetter y a renoncé pour des raisons écologiques. Il a aussi réduit sa consommation de thé. En été, l'eau fraîche du robinet lui suffit.

Depuis plus de 20 ans, l'aumônier accompagne des étudiants dans différentes grandes écoles à Zurich, Lucerne, Berne et Bâle. En ce moment, un cercle d'étudiants en médecine récemment formé souhaite échanger régulièrement sur des questions d'éthique médicale.

Le jésuite explique qu'il a investi beaucoup d'énergie dans le programme «Living Stones» à Bâle. «Living Stones» est un réseau international au sein duquel les jeunes peuvent se pencher sur leur foi à travers l'art chrétien. Il a notamment coorganisé deux cours d'été internationaux au Simplon.

Permettre aux jeunes d'accéder à la foi

«En toute honnêteté, je ne suis pas un adepte du 'tout est relatif '», confie Andreas Schalbetter concernant son travail d'aumônier des étudiants. Il est animé du désir d'accompagner les jeunes sur leur chemin et de leur permettre d'accéder à la foi chrétienne. «Je suis catholique, prêtre et jésuite et je veux donner aux gens l'espoir de pouvoir ancrer leur vie en Jésus-Christ.»

«On constate une bouffée d'athéisme dans l'Église d'aujourd'hui», explique Andreas Schalbetter, interrogé sur son poème «Morsche Balken» (Poutres pourries). Il perçoit un certain activisme, parfois aussi en lui, qui s'éloigne du message central de l'Église. La mission principale est la suivante: «Nous défendons la foi en Jésus-Christ et son message. Et nous bâtissons la communauté des chrétiennes et des chrétiens.» Tout engagement de l'Église en faveur de l'écologie et de la justice sociale doit être lié à la foi.