De nationalité mexicaine, le Père Miguel Agustin Pro Juarez (1891-1927) a été massacré pendant la persécution de l’Eglise par le Président Plutarco Elias Calles, qui était un anticatholique rabique.
Il est né à Guadalupe de Zacatecas au Mexique, le fils d’un ingénieur des mines. Il reçut la plus grande partie de sa première éducation de divers tuteurs; et quand il entra dans la Compagnie, il n’avait pas terminé son éducation secondaire et il eut de la peine à accomplir ses études. Il s’efforça de compenser son manque de préparation académique en se donnant à la prière et à la recherche de la sainteté.
Il prononça ses premiers vœux en Août 1913, à un moment de l’histoire du Mexique où un conflit grossissait. Le général Venustiano Carranza et le bandit Pancho Villa attaquaient l’Eglise et le clergé, pillant des églises et torturant des prêtres et des religieux. Le 5 août 1914 un groupe de soldats du général Carranza pillèrent le bâtiment principal du noviciat et mirent le feu à la bibliothèque. Le Recteur réalisa que la situation ne pouvait qu’empirer, et il dit à tous les membres de sa communauté: que chacun se fraye un chemin au-delà de la frontière avec les Etats-Unis et de se rendre en Californie, où les jésuites leur offraient un bâtiment à Los Gatos. Le Père Pro arriva là le 9 octobre et y passa une année avant de se rendre en Espagne étudier la philosophie. En 1920 on l’envoya enseigner au Nicaragua, après quoi il retourna en Espagne pour ses études de théologie. En 1924 il alla à Enghien en Belgique pour y terminer sa théologie et étudier ensuite la sociologie à Louvain, parce qu’il s’intéressait au mouvement ouvrier et voulait se préparer à son retour au Mexique. Il a été ordonné en 1925, à un moment où la persécution s’intensifiait au Mexique sous Elias Calles.
Le Père Pro n’eut aucune difficulté à rentrer dans son pays en juin 1926, mais dès la fin de juillet le gouvernement supprima tout culte public et ferma les églises. Chaque prêtre devint un criminel recherché. Des croyants mexicains désiraient recevoir les sacrements, et le Père Pro continua son ministère en secret. Il créa des postes à divers endroits de la ville de Mexico et il les visitait régulièrement pour prêcher et administrer les sacrements. Il vivait habituellement avec sa famille, mais il avait aussi d’autres lieux où se cacher. Deux de ses frères l’aidaient dans son apostolat en imprimant et distribuant de la littérature pour la Ligue de Défense Religieuse. Le jeune jésuite ne se laissa pas vaincre par la peur et continua à exercer son ministère sacerdotal jusqu’en novembre 1927.
Le dimanche 13 novembre quelqu’un essaya d’assassiner le général Alvaro Obregón par une bombe qui explosa sans le tuer. Ni le P. Pro, ni ses frères n’étaient mêlés à ce complot, mais l’un d’eux avait été le propriétaire de la voiture utilisée pour l’attentat, mais l’avait vendue quelques jours avant. Les frères décidèrent donc de quitter Mexico et de s’enfuir aux Etats-Unis, mais, avant qu’ils ne partent, la police vint entourer leur maison et arrêtèrent les 3 frères Pro. L’auteur du complot, Luis Segura, se livra à la police, quand il apprit que le P. Pro avait été arrêté comme coupable du complot. Le Président Calles voulait faire un exemple du P. Pro, même si le vrai coupable était sous les verrous. Le 22 novembre il invita des amis à assister à une exécution spéciale le lendemain.
Le 23 novembre des soldats escortèrent le Père Pro, qui ne se doutait de rien, jusque sur la cour de la prison. Quand il vit les spectateurs et le peloton d’exécution, il demanda un peu de temps pour prier, et refusa ensuite de se laisser bander les yeux. Tenant son chapelet dans la main, il se mit devant le mur déjà plein de traces de balles et étendit les bras en forme de croix. Quand vint l’ordre de tirer, il cria «Vivo Cristo Rey! Vive le Christ Roi!».Son frère Humberto a été exécuté plus tard ce matin-là, mais Roberto a été épargné à la dernière minute. Luis Segura fut aussi exécuté cette même matinée. Le père du Père Pro réclama le corps de son fils et organisa une veillée dans sa maison; des milliers de travailleurs et de soldats vinrent saluer le corps du martyr.
(source: le site de la Curie jésuite jesuits.global)