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Vivre en colocation avec des réfugiés à Essen

À Essen, deux jésuites et huit réfugiés vivent en communauté dans la maison Abuna Frans. Le projet porte le nom du Père Frans van der Lugt sj qui, durant la guerre de Syrie, resta aux côtés de la population affamée de la ville assiégée de Homs où il fut tué par balle en avril 2014. Comment se passe le quotidien dans la maison? Quelles sont les expériences des deux Pères jésuites Ludger Hillebrand sj et Lutz Müller sj dans cette communauté d'accueil pas tout à fait comme les autres? Quels sont les défis que doivent surmonter les colocataires?

Tous ceux qui ont déjà habité en colocation savent quelles sont les sources de conflits rencontrés dans un appartement commun: Pourquoi personne ne respecte le tournus de ménage? Qui a encore oublié de sortir les poubelles? Pourquoi est-il impossible de maîtriser le chaos dans le frigidaire?

«Ces questions quotidiennes banales nous préoccupent aussi », confirme le Père Ludger Hillebrand sj. Une cohabitation à dix est tout sauf un long fleuve tranquille. Le jésuite de 58 ans habite avec son confrère, le Père Lutz Müller sj, et huit réfugiés dans un ancien presbytère à Essen. Le projet d'habitation Abuna Frans a été fondé en 2017 par le Service jésuite des réfugiés (JRS). «Nos huit colocataires viennent de Syrie, du Liban, de Somalie, de Guinée et du Congo», explique le Père Hillebrand. «Pour vivre ensemble, nous posons deux conditions: la volonté de participer à notre communauté d'hommes, c'est-à-dire faire le ménage, faire les courses, rassembler les feuilles mortes, tondre le gazon ou toute autre activité qui se présente. Deuxième condition: la tolérance religieuse. C'est un point très important, car des musulmans et des chrétiens de différentes confessions vivent parmi nous, et tous doivent pouvoir se sentir chez eux ici. Il y a eu certaines difficultés dans le passé, mais avec les colocataires actuels, tout se passe très bien.»

«Je ne vois que des êtres humains!»

La communauté d'accueil porte le nom du Père Frans van der Lugt sj. Né aux Pays-Bas, ce prêtre et psychothérapeute part après ses études de philosophie pour le Liban où il étudie l’arabe et le dialecte libanais à Beyrouth. L'accompagnement des jeunes et le dialogue interreligieux sont au centre de sa vie. À partir de 1966, il se trouve en Syrie où il vit dans diverses communautés jésuites, notamment celle de Homs. Durant la guerre syrienne, il reste dans la ville de Homs assiégée aux côtés de la population souffrante. Il y est tué par balle en 2014 à l'âge de 75 ans. «Homme de paix et de dialogue, il était très connu en Syrie», raconte le Père Lutz Müller. «Une des devises qu'il a transmises est: “Je ne vois pas de chrétiens ou de musulmans, je ne vois que des êtres humains!” Cette maxime s'applique parfaitement à notre maison! En arabe, Abuna signifie tout simplement père.»

Fuir la pauvreté

Moussa Kaba est l'un des colocataires de la maison Abuna Frans. Il y a cinq ans, ce jeune homme de 22 ans a quitté sa Guinée natale en Afrique de l'Ouest pour rejoindre l’Europe par des chemins périlleux. «Ma mère et mes quatre frères et sœurs y vivent encore», explique-t-il. «Dans mon pays natal, je n’avais aucune perspective. Pas à cause de la guerre comme c’est le cas ailleurs, mais de la pauvreté omniprésente. Aujourd'hui encore, il n'y a quasiment pas de travail et aucun futur pour les jeunes.» Le fait d'avoir trouvé un nouveau chez-soi dans la maison Abuna Frans est un grand cadeau pour lui: «Dieu aide partout. Je suis très heureux de ma vie en Allemagne et reconnaissant pour toute l'aide que l'on m'a apportée!». Moussa Kaba a terminé avec succès un apprentissage de boulanger et travaille à Düsseldorf.

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