Une pause de midi musicale à l'église jésuite

Ce que ses prédécesseurs Franz-Xaver Hiestand sj et le préfet Hansruedi Kleiber sj ont jadis fait naître avec l'école de musique supérieure de Lucerne, il veut l'ancrer solidement dans cette métropole de la musique connue pour son Lucerne Festival au KKL. Auparavant, les séances de MittWortsMusik avaient lieu une vingtaine de fois par an durant les semestres universitaires. Elles auront désormais lieu toute l'année -avec des orateurs de tous horizons «et pourquoi pas plus de femmes que d'hommes». Pour le semestre d'été, par exemple, le Père Ciriello a engagé une jeune étudiante en sociologie et cofondatrice de Pfasyl, un groupe de scouts pour les enfants issus de familles de demandeurs d'asile, une médecin de l'organisation «Médecins pour la protection de l'environnement» et une journaliste engagée dans le domaine de la société civile. Le jésuite de 45 ans ne s'intéresse pas au fait que les orateurs soient catholiques ou d'une autre confession. «Ce qui compte, c'est qu'ils aient quelque chose à dire, quelque chose à partager», dit Valerio-t-il.

«Les prêtres, les théologiens, les religieux n'ont pas le monopole du Saint Esprit – heureusement. L'esprit souffle où il veut. Et souvent dans une direction inattendue.»

Il intervient au niveau de la spécification des thématiques abordées: «l’éventail des sujets doit être large pour rester intéressant». Il laisse toutefois le choix des morceaux de musique à l'organiste Susanne Z'Graggen, professeur à l'école supérieure de musique de Lucerne. Grâce aux séances MittWortsMusik, cette dernière peut offrir à ses étudiants des représentations en petits ensembles. De temps en temps, elle choisit une pièce de Beethoven, le compositeur préféré de Valerio Ciriello sj, dont il adore les symphonies. «Chaque fois que j'ai l'occasion d'entendre la 9e, 'Freude schöner Götterfunken' –de préférence, bien sûr, dans une grande salle de concert, et non en boîte– j'ai les yeux humides.»
La musique peut époustoufler le public, «mais ce n'est pas ce que je veux dire quand je déclare: la musique frappe le cœur. La musique peur ouvrir, sensibiliser, rendre une personne plus perméable. Tels que nous les cultivons lors des événements MittWortsMusik, la musique et les mots forment un couple unique.»

Tout pour... les relations

La Père Ciriello est orateur lui-même. «Ose rêver», est le titre de son discours qui se tiendra le 21 avril 2021. Les mots sont un domaine important pour lui. Il lit beaucoup et aime les livres offrant un contexte historique. Pourtant, il comprend les mots avant tout comme un pont vers les autres. «Ces derniers mois, nous avons vu ce que signifie être dans une vraie relation –ou ne pas l'être. Les relations nous tiennent en vie, nous portent mutuellement. Souvent de manière discrète et presque inaperçue», déclare l'ancien banquier et fonctionnaire de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA. Il sait de quoi il parle. «Ce qui m'a vraiment enrichi et aider à avancer, ce qui m'a finalement conduit chez les jésuites, ce sont les relations profondes, authentiques et bienveillantes.»

Valerio Ciriello sj, Suisse aux racines sud-italiennes et excellent cuisinier, souhaite organiser encore plus de réunions communes: des «dîners d'experts» avec des spécialistes et des invités à la Lassalle-Haus de Bad Schönbrunn, où il vit une partie de la semaine et où il est responsable de la section future générations et transition écologique; des "Villa talks" dans la maison historique de Bad Schönbrunn érigée au XIXe siècle,  avec des étudiants et des personnalités qui ont connu un changement d'orientation frappant qui leur offre une vie avec plus de sens; et, bien sûr, des réunions à Lucerne avec les participants des séances MittWortsMusik. Une date pour une future fête avec repas et boissons? Le 2 juin. Enfin, «si la pandémie a moins d'emprise sur nous d'ici là et que la situation laisse place à de vraies rencontres.»