• L'abbé Pascal Desthieux a présidé l'eucharistie dans la cathédrale de Genève @ ECR
  • Quelque 1500 personnes étaient présentes à la messe à la cathédrale Saint-Pierre de Genève @ ECR
  • Célébration oecuménique à la cathédrale de Genève @ ECR
  • Messe à la cathédrale de Genève le 5 mars 2022 @ ECR
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Une messe à la cathédrale de Genève? Un événement!

C’est un événement que je ne voulais pas manquer: une messe célébrée dans la cathédrale de Genève, la première depuis l’année 1535. Le Petit Conseil de la ville avait alors interdit -après la destruction des «idoles», crucifix, vitraux, statues et tableaux par un groupe de jeunes gens- toutes célébrations catholiques dans l’édifice.

Il y a deux ans, le conseil de la paroisse protestante, dans un geste œcuménique, avait lancé une invitation à la communauté catholique pour célébration d'une messe à la cathédrale Saint-Pierre. L’épidémie de Covid-19 n’en avait pas encore permis la réalisation -ce qui montre bien le caractère diabolique de ce virus. Dès que ce dernier faiblit, la charité chrétienne s’imposa.

Une foule immense de 1500 personnes s’entassa ainsi le samedi 5 mars 2022 dans l’église. Il fallut fermer les portes et laisser quelques fidèles dehors. Le conseil de paroisse protestant, entouré de ses pasteurs, souhaita la bienvenue. Le vicaire épiscopal les remercia chaleureusement pour cette hospitalité et l’orgue entama une pièce moderne aux tonalités apocalyptiques.

Comme nous fêtions la liturgie du premier dimanche de Carême, le rite des Cendres trouva, pour la première fois sans doute, une dimension interconfessionnelle. Ce vieux geste biblique, la pénitence «sous le sac et la cendre», sonnait comme une demande de pardon pour près de cinq siècles de conflits, d’exclusions et de polémiques mutuelles.
La célébration religieuse dépassait la dimension locale. Genève est depuis longtemps une cité internationale et multiculturelle, les lectures et les prières furent récitées en plusieurs langues, celles des communautés catholiques du canton, mais elles s’ouvraient au monde entier, par la chorale africaine avec ses tambours, et par l’évocation de la guerre en Ukraine, marquée par la présence de membres de la chrétienté orthodoxe.

Ce qui m’a le plus frappé, c’était la diversité des visages. Il y avait sans aucun doute des protestants parmi les fidèles, mais il était impossible de les distinguer. Toutes les strates de la population étaient représentées des plus vieux aux plus jeunes. Ce n’était pas le même public qu’aux messes de semaine, dans lesquelles les personnes âgées sont en surnombre, ce samedi soir il y avait beaucoup d’enfants et de jeunes mères, et même un nombre important de jeunes hommes. Plusieurs d’entre eux sont restés agenouillés, à même le sol, de l’offertoire à la communion.

Cette foule n’avait rien à voir avec les flâneurs des rues basses, que je venais de croiser, comme ces femmes élégantes et sophistiquées, sacs à main de grand prix, qui se baladaient le long des devantures des magasins de luxe. Rien à voir non plus avec ces mendiants accroupis aux coins des rues, ou les tristes figures de drogués sur le pont de Bel Air.  Non, c’étaient une foule de gens ordinaires, sans marques particulières, de ceux qui passent inaperçus quand on les croise.

Si ce n’est -et cela me toucha- qu’ils avaient une grande attention aux autres, une promptitude à aider les personnes handicapées, à céder une place, à se saluer d’un sourire. Cela me fit plaisir. Je reconnus bien là le monde des petits et des humbles, que Jésus encourageait depuis les collines de Galilée et sur les rives du lac de Génésareth. Des gens tout simples, mais au grand cœur.

Auteur:

Né en 1941, entré chez les jésuites en 1961, spécialiste de l’Histoire de l’Église, était engagé comme directeur spirituel au Séminaire diocésain du Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg et au Séminaire diocésain de Sion. Le Père Fellay a été rédacteur en chef de la revue culturelle choisir, directeur du centre interdiocésain à Fribourg, professeur à l'Institut Philanthropos et responsable du programme de formation du domaine de Notre-Dame de la Route à Villars-sur-Glâne.

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