Dans l’impossibilité de nier le bien que Jésus fait, sa famille et les autorités religieuses cherchent à le discréditer en répandant des bruits malveillants sur son compte.
Sa parenté ne comprend pas son style de vie: cet homme ne s’appartient plus, il se laisse accaparer par les foules au point de n’avoir même plus le temps de manger. Pour les gens raisonnables, une vie fondée sur le don de soi jusqu’à l’extrême peut sembler une folie. Il est urgent de le ramener à la raison celui qui déraille et dépasse les bornes, au besoin en faisant intervenir les psys.
Plus perfide, l’autorité religieuse diabolise tout ce qui échappe à sa maîtrise. Les scribes sont bien obligés de reconnaître que Jésus fait du bien. Mais, du moment qu’il ne passe pas par les instances officielles, son succès auprès des foules est un vrai danger pour la société et la religion. Aussi tentent-ils de le dénigrer en l’accusant d’être de mèche avec le démon. Non seulement ce Jésus est fou, comme le prétend sa famille, mais il est un fou dangereux puisqu’il fait le jeu du diable. La destruction de l’estime de soi à coups d’insinuations malveillantes prélude aux futures chasses aux sorcières. Le christianisme lui-même n’en a pas été épargné. Le procédé est classique: qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage (Molière).
Jésus n’a pas de peine à prouver que le raisonnement de ses détracteurs est tordu. Il chasserait les démons au nom du démon? Allons donc! Tout le monde sait bien que celui qui parvient à maîtriser son ennemi, à le ligoter pour lui arracher sa proie est le plus fort des deux. Ses exorcismes en sont la preuve. Ce qui n’empêchera pas ses adversaires par finir de triompher. L’opinion publique croit plus facilement le mal que le bien.
La conclusion de Jésus est sévère, inhabituelle dans sa bouche. À tout péché miséricorde? D’accord! Mais pas pour la mauvaise foi qui traite de péché le bien qui se fait.
«Une chasse aux sorcières» (Mc 3,20-35) – Méditation de Pierre Emonet sj pour ce dimanche 9 juin 2024