Teilhard de Chardin sj et Zundel : Pour le renouveau dans l’Église

Le Père Damien Niyoyiremera présente, vendredi 3 juin à 19h30 à la salle paroissiale du Châble (VS), son livre Un autre visage de Dieu. Avec la participation de Jean-Blaise Fellay sj qui a préfacé l’ouvrage et qui fera un apport sur le renouveau dans l’Église. Ce nouveau livre du Père Damien propose une traversée de l’histoire récente de l’Église à travers le regard de deux prêtres explorateurs: Teilhard de Chardin sj et Maurice Zundel. Par ce dialogue des écrits du jésuite français et du théologien suisse, il offre des pistes de compréhension sur le visage que nous donnons à voir de ce Dieu invisible et de la manière dont le message peut être reçu et entendu aujourd’hui?

Ci-dessous la préface de l’historien Jean-Blaise Fellay sj:

Un nouveau regard sur Dieu et sur l’homme

Au début du 20e siècle, l’Église catholique se trouve plongée dans une situation très difficile. L’unité italienne a privé la papauté de ses États et le pape se considère comme prisonnier au Vatican. La France, autrefois appelée la fille aînée de l’Église, décrète en 1905 la séparation de l’Église et de l’État, expulse les congrégations religieuses et se donne la laïcité comme idéologie. La Prusse de Bismarck a mené en Allemagne une lutte sans merci contre le Zentrum catholique et, à la fin de la guerre de 1914-18, c’est l’Empire austro-hongrois, principale puissance catholique d’Europe centrale, qui se voit démembré. En 1917, la Sainte Russie est devenue, sous le nom d’URSS, le premier État officiellement athée du monde.  

Sur le plan culturel la situation n’est guère meilleure. L’opposition entre la science et la foi divise les esprits. Dans l’opinion publique, ou bien on est croyant et l’on fait fi de la science ou bien on est un partisan du savoir et de la raison et l’on range le religieux dans le domaine des superstitions. Cela se reflète dans le monde politique dans lequel les croyants sont généralement favorables à la monarchie et les libres-penseurs orientés vers la démocratie. Les catholiques se trouvent dans les deux cas rangés parmi les conservateurs et les réactionnaires.

Les autorités romaines se sentent assiégées, c’est l’ensemble de leur monde qui est mis en cause. Censée être le lieu de la certitude métaphysique, de la rigueur morale, de la calme assurance de la Vérité révélée, la religion est mise en cause par les sciences de la terre.  L’histoire du monde est beaucoup plus longue que ce qu’en dit la Bible, l’apparition de l’homme ne coïncide pas avec la création du monde, et, dans la longue évolution des hominiens, il est bien difficile de situer l’épisode d’Adam et Ève. Nulle trace, non plus, d’un paradis terrestre dans la vie difficile des premiers bipèdes.

Les fouilles archéologiques, souvent menées par des ecclésiastiques comme l’abbé Breuil, ne laissent aucun doute: l’homme a eu besoin de centaines de millénaires pour tailler la pierre, inventer des armes, domestiquer le feu, graver, peindre, ériger des sépultures, développer l’agriculture, édifier des localités durables, faire naître des civilisations.

Et, justement, le déchiffrement des écritures cunéiformes ou hiéroglyphiques laisse apparaître des textes plus anciens que la Bible, narrant des récits et des mythes, dont certains sont repris dans le Livre de la Genèse. À la suite des biblistes protestants, les catholiques se mettent à l’étude. C’est le début de la «Crise moderniste».

En 1907, l’encyclique Pascendi dénonce «l’agnosticisme, l’immanentisme et l’évolutionnisme», un ensemble d’hérésies dangereuses. Un point est particulièrement sensible, le récit de la Création dans le livre de la Genèse, et l’histoire du Péché originel, quelle valeur historique lui attribuer? Les autorités s’inquiètent et multiplient les interdictions et les excommunications. À partir de 1910, les prêtres et professeurs doivent jurer le «serment antimoderniste» qui rejette ces hérésies. Il ne sera levé qu’en 1967.

Auteur:

Né en 1941, entré chez les jésuites en 1961, spécialiste de l’Histoire de l’Église, était engagé comme directeur spirituel au Séminaire diocésain du Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg et au Séminaire diocésain de Sion. Le Père Fellay a été rédacteur en chef de la revue culturelle choisir, directeur du centre interdiocésain à Fribourg, professeur à l'Institut Philanthropos et responsable du programme de formation du domaine de Notre-Dame de la Route à Villars-sur-Glâne.

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