Swiss Re* annonce un bénéfice semestriel supérieur au milliard de francs, dépassant les attentes des investisseurs. Une fois n’est pas coutume, dans le champ des relations agonistiques entre écologie et finance, tous ceux qui se soucient de l’avenir de la planète ne peuvent que s’en réjouir; car l’attention écologique portée depuis longtemps par Swiss Re semble ne ne pas avoir empêché le redressement financier du numéro deux mondial de la réassurance (l’an passé dans le rouge). Depuis bientôt cinquante ans, en effet, le réchauffement climatique est une thématique suivie de près par le réassureur. Un nouveau volet s’est ouvert depuis peu touchant les placements des réserves techniques d’assurances. Comme dit le journaliste d’un quotidien helvétique «les activistes du climat applaudissent le rôle de pionnier de Swiss Re dans la transition climatique». On les comprend; faire monter le cavalier écologique sur la puissante jument de la finance ne peut que favoriser le financement de la transition énergétique.
En dépit de cet heureux constat, l'action Swiss Re a baissé à l’annonce de ces résultats financiers; comme elle le fait depuis le début de l’année. Le réassureur en fait-il trop en termes de durabilité et trop peu en termes financiers? La question, me semble-t-il, n’est pas là. Elle est dans l’acceptation d’un principe basique qui veut que toute contrainte autre que financière ne peut que restreindre, peu ou prou, la rentabilité globale d’un investissement. Certes, les aficionados des placements éthiques -dont je suis- peuvent citer de nombreux exemples contraires où la performance financière est allé de pair avec l’attention aux problèmes économiques, sociaux ou de gouvernance. Mais ces cas favorables s’expliquent largement par des circonstances particulières que l’on ne peut pas généraliser.
Accepter que les soucis de la planète ou du bon fonctionnement de la société freine la croissance économique et financière, ne peut apparaître comme une régression que pour les technocrates, économistes ou financiers, qui amputent leur vision du monde en ne prenant en compte qu’une seule des multiples dimensions de la vie sociale.
*Swiss Re pour Swiss Reinsurance Company, est une société d'assurance et de réassurance fondée à Zurich en 1863. En chiffre d'affaires, elle est la deuxième société mondiale de réassurance après Munich Re.