Après la résurrection du Christ, les disciples ont regagné leur Galilée d’origine. La vie ordinaire a repris son cours entre succès et échecs. À ces pêcheurs, Jésus avait prédit que, désormais, ils prendront des hommes. Une promesse qui n’était pas une garantie contre les échecs: ils ont eu beau travailler toute la nuit, ils n’en reviennent pas moins bredouilles. Ainsi en va-t-il de l’Église – et de la vie de tout disciple du Christ. Laissés à leurs propres ressources, les succès espérés sont plutôt rares.
Tout change, lorsque les disciples jettent leurs filets sur le conseil de ce mystérieux personnage qui les interpelle depuis la rive. Les filets sont pleins. Ce brusque revirement de situation est un signe que déchiffre aussitôt le disciple que Jésus aimait: c’est le Seigneur, c’est bien lui, même si sa présence n’en reste pas moins mystérieuse et que les disciples se posent tout de même des questions sans pour autant oser lui demander sa carte d’identité. Il y a comme un malaise dans l’air, un questionnement qui se mêle à la joie des retrouvailles, tant il est vrai que la foi est sans comment ni pourquoi.
Bien vite, un personnage occupe le devant de la scène, Pierre, le patron pêcheur. C’est bien parce qu’ils sont dans sa barque que les autres rencontrent le Resuscité et mangent avec lui. Pierre n’a pas été le premier à reconnaître le Seigneur, mais c’est tout de même lui qui ramène le filet, fait le tri et apporte le fruit de leur travail pour compléter un pique-nique qui rappelle leur dernier repas avec Jésus. Au cours d’un entretien très personnel, le Bon Pasteur confie à Pierre ses brebis. Le disciple qui a eu ses moments de faiblesse est confirmé comme leader du groupe. Le crescendo de sa triple profession d’amour a effacé le passé. Il engage l’avenir d’une fidélité jusqu’à la mort.
« Retour à la vie normale » (Jn 21,1-19) – la méditatioin de Pierre Emonet sj pour ce dimanche 4 mai 2025