Présumé donneur d'organes sauf avis contraire

L’initiative sur les dons d’organes, accepté par le Conseil national en ce début du mois de mai 2021, a provoqué une première réaction de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CBCES). Pour le dire en un mot, le consentement présumé lorsque le défunt n’a pas manifesté son accord semble peu éthique aux yeux de la Commission. Qui plus est, le consentement présumé risque de n’avoir que peu d’effets, selon elle, sur le nombre d’organes offerts pour une transplantation si le consentement de la famille reste nécessaire. En effet, dans une majorité de cas (60%), en absence de consentement explicite du défunt, la famille refuse. Certes, sur ce point, le principe de la présomption d’acceptation de la part du défunt peut changer la donne aux yeux même des familles touchées par un deuil.

Quoiqu’il en soit, le point éthique est souligné par la contreproposition avancée par la Commission qui préfèrerait un système de «déclaration volontaire». En effet dit-elle, tout don doit être le fruit d’un consentement libre et éclairé ; idée difficilement contestable dans notre société où le primat de la conscience éclairée et de la raison est la marque de la modernité. Avec la «déclaration volontaire», l’éthique y gagne, puisque la volonté individuelle serait pleinement respectée. Cependant les moyens pratiques de recueillir cette volonté restent dans le flou. Selon la Commission «la population serait conviée régulièrement à refuser, accepter, ne pas se déclarer ou déléguer la décision du don à une personne de confiance».

Cette question, vitale pour ceux qui attendent une transplantation, relève du bien commun. À la différence de l’intérêt général qui ne vise que le collectif indépendamment des membres de la communauté humaine, le bien commun est, par la solidarité de tous, le bien de chacun des membres. Or le bien de chacun est manifestement l’enjeu de cette initiative. J’ajoute que cet enjeu coïncide avec l’un des principes fondamentaux de l’enseignement social chrétien : le bien du plus faible et du plus fragile. Quant à la solidarité, elle ne se réduit pas au sentiment de compassion ; au-delà de l’empathie toujours nécessaire pour vivre ensemble sans trop de violence, la solidarité implique une contrainte librement acceptée qui laisse sa juste place à la liberté d’autrui.

Même sans aller jusqu’à promouvoir dans l’espace public –qui est le lieu des initiatives soumises à votation populaire– le principe énoncé dans les évangiles de Matthieu (au chapitre septième) et de Luc (au chapitre sixième) «fait pour les autres ce que tu voudrais que l’on fisse pour toi», il me semble que tout ce qui peut favoriser le don d’organe est une exigence éthique. Reste à trouver la meilleure voie pour promouvoir le don d’organe le plus largement possible.

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