Comme professeur à Rome puis comme évêque auxiliaire à Zurich, Peter Henrici sj a bien connu et régulièrement fréquenté Joseph Ratzinger. Les deux hommes, quasiment du même âge, s’appréciaient mutuellement, a-t-il raconté à kath.ch. Peter Henrici lui a d’ailleurs succédé à la tête de la revue Communio.
«J’ai fait sa connaissance à Rome pendant le Concile Vatican II. Il venait alors de temps en temps au Kollegium Germanicum, où j’habitais, a expliqué Peter Henrici sj. Je connaissais déjà son frère à l’époque. Georg Ratzinger était le directeur des Domspatzen de Ratisbonne et avait enseigné la formation vocale au Germanicum pendant les vacances.»
«Je suis resté en contact plus ou moins régulier avec lui. Lorsque j’ai donné une conférence à Ratisbonne, il est venu m’écouter. Et à Rome, je l’ai rencontré plus tard de temps en temps, surtout pour des affaires concernant la Congrégation pour la doctrine de la foi, lorsqu’il la dirigeait en tant que préfet. Quand il est venu à Rome, il m’a demandé de lui succéder à la tête de la revue Communio (dont il était un des membres fondateurs NDLR) Je le connaissais donc assez bien.»
Un homme sociable mais réservé
En tant qu’homme Joseph Ratzinger était très sociable et en même temps très réservé. «Je n’ai eu aucun problème à entrer en contact avec lui, même lorsqu’il était cardinal puis pape, relève Peter Henrici. Un jour, les évêques des médias ont été présentés au pape Benoît XVI après leur réunion annuelle. J’y étais également. L’archevêque Foley (alors président du Conseil pour les communications sociales NDLR) voulait me présenter au pape. Celui-ci m’a alors dit: «Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus. Comment ça va?»
«Lorsqu’il était devenu pape émérite, je lui ai rendu visite une fois dans son petit monastère. Il était physiquement faible, mais spirituellement très éveillé. Nous avons parlé de la revue Communio et d’autres choses dont je ne me souviens plus. C’était une conversation très agréable.
Un des meilleurs théologiens de Vatican II
Pour Peter Henrici, Joseph Ratzinger était l’un des meilleurs théologien du Concile Vatican II. Sa théologie était fondée sur l’histoire. Elle était basée sur l’enseignement des pères de l’Église, Augustin et Bonaventure. Il raisonnait moins en termes d’aristotélisme et de logique formelle qu’en termes de cœur et d’homme.
Il était conservateur, c’est le cas de tout bon théologien et évêque. Bien qu’il se réclamât de la tradition, Ratzinger défendait une théologie très ouverte. En tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a évité le pire à plusieurs reprises.
Une démission historique mais pas inattendue
Selon Peter Henrici, sa démission était certainement historique, mais pas inattendue. «Je m’y attendais de sa part. Il avait préparé le document qui régit la succession du pape. On y lit cinq fois : «Cela vaut aussi si le pape est encore en vie». Cela montre que Ratzinger s’est toujours attendu à ce qu’un pape puisse démissionner. C’est ce qu’il a fait au bon moment. Lorsqu’il a vu qu’il n’avait plus assez de force pour présider la célébration de Pâques, il a annoncé à temps sa démission en février 2013. Un nouveau pape a ainsi pu être élu pour prendre le relais.»
Il a alors vécu dans le monastère Mater Ecclesiae. «Lui-même aurait aimé retourner en Bavière, estime Peter Henrici. Il avait ce souhait bien avant, il souffrait de ne pas pouvoir y retourner. C’était un Bavarois enthousiaste, qui se réjouissait lorsque des gens de son pays lui apportaient de la bière et chantaient des chansons bavaroises. Je pense toutefois qu’il a bien fait de rester finalement au Vatican. (cath.ch/kath.ch/rp/mp)
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Église
Pour Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus, tout comme l'Église en général, doit « aider les âmes ». Depuis la fondation de l'Ordre, les jésuites se sont donc engagés avant tout dans le travail pastoral et éducatif. Pour pouvoir agir de manière plus efficace dans l'Église mondiale, l'Ordre s'est mis à la disposition du Pape. La liberté et l'obéissance font partie du caractère fondamental de l'Ordre. C'est pourquoi « l'ecclésialité jésuite » est liée à la communauté religieuse concrète dans laquelle nous allons vers le Christ, tout en célébrant une grande liberté quant à la forme dans laquelle ce lien s'exprime. Car selon les règles qui, à la fin du livre des Exercices spirituels, préconisent de « sentir avec l'Église » (« sentire cum ecclesia »), l'Esprit de Jésus vit et travaille à tout moment dans l'Église « réelle », dans toutes ses dimensions pécheresses et saintes. La gratitude prend la première place. Avant toute critique, il faut d'abord louer le bien. La critique de l'Église doit se traduire par des actes concrets de réforme et d'amélioration plutôt que par de simples paroles. La conversion personnelle de l'individu doit toujours être le point de départ.
Rome & le Supérieur général
À la tête de la Compagnie de Jésus se trouve le Supérieur Général, basé à Rome. Depuis octobre 2016, le 30e successeur de Saint Ignace est le Père Arturo Sosa Abascal sj. Il est originaire d'Amérique latine, une première dans l'histoire de la Compagnie. Le Père Sosa sj, est né à Caracas, au Venezuela, en 1948. Pour lui, le grand défi de la Compagnie est l'inculturation de la foi: «Aujourd'hui, plus que jamais, la Compagnie de Jésus se déploie dans le monde entier, car elle ressent le grand défi de s'incarner de manière respectueuse dans les autres cultures.»
Dans ses quatre «Préférences apostoliques universelles» établies en 2019, les jésuites ont défini la teneur de leur engagement pour les dix prochaines années:
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3. Marcher avec les jeunes, accompagner les adolescents et les jeunes adultes dans la création d’un avenir porteur d’espérance.
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Compagnie de Jésus
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Depuis la fondation de l'Ordre en 1540 par Ignace de Loyola, nous vivons et travaillons pour la proclamation de l'Évangile. Nous mettons l'accent sur le service de la foi, la promotion de la justice et le dialogue entre les diverses cultures et religions.«Chercher et trouver Dieu en toutes choses» et «Tout pour la plus grande gloire de Dieu» - ces mots expriment notre profil spirituel. En collaboration avec de nombreuses autres personnes qui partagent notre vision et nos valeurs, plus de 400 pères et frères vivent et travaillent actuellement au sein de la Province jésuite d'Europe centrale.
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