PDC – Pour Donner plus de poids au Centre de la politique suisse

Selon un sondage, une majorité parmi les membres du Parti Démocrate-Chrétien (PDC) ont été d’accords pour changer la signification de la lettre «C». Le Parti Démocrate-Chrétien devient ainsi Le Centre. Ce changement n’a pas été acquis sans débats à l’intérieur du parti. Cette «déconfessionnalisation» apparaît pour les uns comme une opportunité qui permettra des alliances plus larges, voire une fusion avec le PBD  (Parti bourgeois  démocratique). Certains soupçonnent même que l’enjeu le plus immédiat est de conserver le siège du parti au Conseil fédéral. À plus long terme, le qualificatif de centriste permettra peut-être de jouer le fédérateur de courants qui ne se reconnaissent pas dans les partis jugés plus extrêmes.

D’autres regrettent qu’en abandonnant le qualificatif de chrétien, le parti se coupe d’un courant de pensée bien irrigué par la doctrine sociale chrétienne, et qui, par le passé -notamment aux lendemains de la seconde guerre mondiale- a su montrer une pugnacité sociale un peu oubliée aujourd’hui. Pour faire bonne mesure, ils estiment que le Centre connote un peu le milieu -en latin le medius qui a donné médiocre. C’est l’occasion de rappeler que qui veut gouverner au centre doit se faire élire sur une aile.

Cet épisode politique de la démocratie helvétique m’inspire deux remarques.

La première vient de la sociologie politique. Tout groupe qui voit diminuer le nombre de ses adhérents et de son pouvoir -que ce soit un groupe d’inspiration culturel, politique ou religieux- cherche des alliances pour compenser sa faiblesse. Les succès électoraux permis parfois par ce stratagème ont pour prix l’abandon des positions les plus tranchées et l’édulcoration de son programme, voire la perte de sa personnalité ou de son image. Cette stratégie ne convient qu’aux groupes très minoritaires, idéologiquement centrés sur un seul objectif; ils se joignent à d’autres tout autant minoritaires aux objectifs différents pour atteindre une majorité disparate pour l’occasion. Ils sont ainsi capables de faire passer, à la majorité des membres de l’Assemblée, des programmes dont aucun pris séparément n’eut obtenu la majorité des suffrages.

Ma seconde remarque est plus fondamentale. Elle relève de la communication publique. À la manière des images-de-marque dans le domaine commercial, la qualité du produit -ici de la lisibilité politique- ne peut longtemps demeurer cachée. Comme pour les articles, les films ou les livres, les intitulés les plus reluisants (en supposant que l’intitulé «centre» le soit) ne trompent jamais éternellement le chaland. (En France, avant-guerre, le petit «Parti républicain du Centre» était d’extrême droite.)

J’imagine que certains membres du PDC se réjouissent de la déconfessionnalisation de leur parti car l’adjectif qualificatif «chrétien» résonne plus mal aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle. Certains trouvent même le mot chrétien nauséabond. Mais la qualité du produit, si qualité il y a -je laisse à chacun le soin d’en juger- aurait sans doute fini par faire oublier l’emballage.

Newsletter

Das Magazin „Jesuiten“ erscheint mit Ausgaben für Deutschland, Österreich und die Schweiz. Bitte wählen Sie Ihre Region aus:

×
- ×