Ils avaient misé sur Jésus, ils l’ont suivi avec pas mal d’illusions, convaincus que c’était un bon chemin pour eux, celui qui les conduirait aux bonnes places. Parce que Jésus s’était refusé à jouer le jeu du pouvoir et du populisme, tout avait capoté et c’était terminé par un procès truqué et une condamnation à mort. Il ne leur restait plus qu’à enterrer leurs rêves, et à se faire oublier.
Un jour nouveau se lève qui peu à peu va dissiper l’obscurité. La tombe est vide. Larmes de celle dont l’amitié est restée fidèle envers et contre tout, perplexité des disciples rattrapés par leur passé, recherche anxieuse d’un cadavre introuvable.
Marie Madeleine, Pierre, et cet autre disciple sans nom, autant de regards portés sur ce tombeau vide. L’Évangile y est sensible et ne manque pas d’y faire allusion utilisant chaque fois des verbes distincts, riches de nuances (malheureusement escamotés par la traduction française). Marie et le disciple arrivé en premier «jettent un coup d’œil» sur les lieux, ils voient le tombeau vide, les linges à leur place, et ils se demandent ce qu’il en est. Pierre «regarde et observe» attentivement, il enregistre et prend acte de ce qu’il voit sans comprendre. Un seul a «vu» comme qui dit «je vois bien de quoi il s’agit»; il a compris ce qui se passe:
La tombe est vide parce que celui qu’elle emprisonnait est vivant.
«On ne voit bien qu’avec le cœur» (Jn 20,1-9) - Méditation à partir de l'Évangile de Pierre Emonet sj pour le dimanche de Pâques, 9 avril 2023