• Table ronde d'experts sur le thème «Le rôle de la spiritualité et de la science dans la transformation socio-écologique».
  • Valerio Ciriello SJ
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«Ma vie a changé grâce à l'Eco Summer Camp»

Depuis que Valerio Ciriello sj a pris la responsabilité de l'Eco Summer Camp organisé tous les étés à la Lassalle-Haus Bad Schönbrunn, sa vie a changé. Au sens propre du terme. Cette semaine de camp au service de la transformation socio-écologique transforme d’ailleurs personnellement toutes celles et ceux qui y participent. Le camp est un rassemblement multiculturel de jeunes et de moins jeunes issus de divers milieux sociaux, académiques et professionnels, et pourtant l'harmonie y règne en maître. «Ce qui est en question ici, c'est la création commune d'un nouveau mode de vie», écrit Valerio Ciriello dans son reflet sur l'Eco Summer Camp de cette année qui s'est tenu du 18 au 25 août. En 2025, il prendra place à la Lassalle-Hause du 24 au 31 août. Réservez la date !

«Celle ou celui qui pensait pouvoir passer une semaine de vacances à l'Eco Summer Camp a certainement été déçus. Cette année encore, la semaine a été très intense, tant sur le plan du contenu que sur le plan émotionnel», s'amuse le jésuite. «Les journées sont rythmées par la méditation matinale à 7h30, le petit-déjeuner, l'exposé substantiel du jour dès 8h45; après le déjeuner, la journée se poursuit dès 14 heures avec un atelier ou une discussion en groupe suivi par une autre conférence. Pour clôturer la partie thématique de la journée, des séances de réflexion ont lieu en petits groupes avant le dîner du soir. En soirée, une discussion autour d'un feu de camp, ou une autre activité commune prend place à l'extérieur, et une méditation yin-yoga apaisante précède le temps der repos ...»

Comment définiriez-vous l'Eco Summer Camp?
«Dans l'esprit de la transition socio-écologique,ce camp d'été se veut être une semaine transformatrice, ouverte à toutes les générations. Ce n'était pas le cas dès le départ, mais grâce aux échanges avec divers experts, nous sommes parvenus à la conclusion que ce dialogue intergénérationnel peut justement être un enrichissement pour tous.»

Vous parlez d'une rencontre d'égal à égal...
«L'Eco Summer Camp s'appuie sur une approche holistique et tient donc compte des dimensions physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de la personne. D'un point de vue méthodologique et didactique, le «savoir» est transmis et diffusé par des conférences classiques, des discussions en cercle, des ateliers et des groupes de réflexion, mais aussi par des excursions, des discussions autour d'un feu de camp et des tables rondes. À cela s'ajoute le fait que les intervenants s'engagent à passer au moins une nuit sur place, à la maison Lassalle, car nous voulons favoriser les rencontres face à face entre les participants et les intervenants. Nous sommes convaincus que cela fait vraiment la différence et c'est l'une des caractéristiques les plus importantes de l'Eco Summer Camp.

Cette pédagogie de la rencontre a permis de créer de nombreuses amitiés, mais aussi de tisser des liens professionnels. Il n'est pas rare que des participant effectuent un stage chez l'un de nos partenaires à la suite de l'événement. Il est également réjouissant de voir que des projets communs sont lancés entre les intervenants. Le contenu professionnel de la semaine est orienté vers l'inter- et la transdisciplinarité; l'ouverture d'esprit de tous les participants doit être favorisée par une large orientation professionnelle.»

Et la spiritualité dans tout ça ?

«Toute la semaine s'inscrit dans un cadre spirituel. Les personnes présentes sont invitées à participer aux méditations du matin et du soir. Le matin, trois types de méditation sont proposés: une impulsion chrétienne, la pleine conscience et le yoga. En fin de soirée, une méditation de yin-yoga était aussi proposée pour la première fois cette année. DSans oublier qu'au moins une fois sur la semaine, une messe est célébrée. La semaine est toutefois orientée vers la non-confessionnalité et peut être perçue, si l'on veut, comme séculière. C'est très important pour nous.

L'Eco Summer Camp s'inspire de l'encyclique « Laudato Si' » qui - « urbi et orbi » - est adressée à tous les habitants de la planète, et pas seulement aux catholiques.

Ce n'est pas pour rien que le pape François invite tout le monde à apprendre ensemble, à suivre un chemin et à le trouver, malgré nos origines religieuses et philosophiques différentes.

Cette ouverture d'esprit et cette liberté sont perçues comme essentielles par tous les participants. C'est peut-être grâce à cela que le nombre de participants·es musulmans·nes ne cesse d'augmenter. C'est peut-être aussi en raison de cette ouverture vécue que des jeunes d'une quinzaine de pays prennent chaque année le chemin du camp. Nous accoueillons chaque année, en moyenne, entre quarante et cinquante participants.»

Votre but n'est pas culpabiliser, mais plutôt de propose de passer d'une consommation sauvage à un engagement responsable, est-ce exacte?

«L'orientation de base de la semaine de camp est toujours atour de ce thème récurant de l'adoption nécessaire d'une consommation eco-responsable, mais les différentes axes de discussions changent d'année en année. À chaque édition, nous essayons de mettre l'accent sur un point sensible. Cette année, nous avions choisi le thème de l'agro-écologie.  Une autre constante de l'Eco Summer Camp est l'excursion chez l'un de nos partenaires d'événements. Cette année, nous avons été reçus par les laboratoires de recherche de l'Institut de l'environnement et des ressources naturelles de la Haute école des sciences appliquées de Zurich: certainement un des points forts de la semaine.»

Vous avez aussi innnové cette édition en permettant aux jeunes participants d'obtenir des crédits universaitaires...

 «Depuis cette année, l'Eco Summer Camp est également une école d'été au sens académique du terme. Grâce à la nouvelle collaboration avec l'institut Newman d'Uppsala, nous avons pu proposer aux participants d'acquérir quatre crédits ECTS. Cette offre est particulièrement séduisante pour les étudiants et a déjà été un succès cette année. Pour la première fois cette année, l'Eco Summer Camp a été étudié d'un point de vue scientifique par un groupe de professeurs et de chercheurs des universités de Lucerne et d'Aix-la-Chapelle au moyen d'enquêtes qualitatives. L'objectif est de déterminer si cette semaine provoque effectivement un mouvement transformateur chez les participants.»

De quoi ai-je vraiment besoin pour vivre ? Telle est la question ?

 «Une chose est sûre: ma vie a changé avec l'Eco Summer Camp et les responsabilités orgasitionnels que j'y ai prises. J'ai pris conscience que vouloir ménager la chèvre et le chou ne fonctionne pas. J'essaie donc, dans la mesure du possible, de changer mes habitudes alimentaires. Il ne s'agit pas pour moi de devenir végétarien ou même végétalien, mais de prendre conscience de ce dont j'ai besoin pour vivre et de ce qui est simplement de la «gourmandise». J'ai réduit ma consommation de sucre de 80 %. Je ne mange qu'aux repas et avec beaucoup plus de retenue. J'ai également renoncé à la consommation de café, qui est responsable d'environ trois pour cent des émissions de CO2 dans le monde.»

Vous préconisez donc une culture du "enough"?

«Parmi les retours des participants, un souhait récurrent était d'évoluer vers une culture du « enough » pendant le camp. Personnellement, je suis ravi de cette prise de conscience, car c'est l'objectif central de l'Eco Summer Camp. Nous ne parviendrons pas à une transformation socio-écologique en remplaçant un produit par un autre, par exemple les voitures à combustion par des voitures électriques. Il s'agit d'induire un changement culturel: passer d'n moyen de transport individuel à un moyen de transport collectif ou public par exemple. Prendre conscience pour de se libérer d'une véritable dépendance, plutôt que de renoncer. Car notre folie consumériste est à la base du changement climatique et de la crise environnementale. C'est pourquoi on peut critiquer tant qu'on veut les grandes entreprises, qui ont certes aussi leur part de responsabilité. Mais ce faisant, nous devons être conscients qu'elles ne peuvent exister que tant qu'il y a aussi de « bons » consommateurs à la base. De tels aspects sont régulièrement abordés dans le camp.

J'invite toutes et tous à noter la date du prochain Eco Summer Camp : Il aura lieu en 2025, du 24 au 31 août. D'autres nouveautés et des contenus passionnants sont prévus !

Nous sommes désormais convaincus que le temps est venu d'exporter le format « Eco Summer Camp », dans toute l'Europe et pourqoi pas dans le reste du monde. Les premières discussions à ce sujet sont déjà en cours.»

A lire également sur le site du Jesuit European Social Center : De l'excès à l'essentiel : les moments forts de l'Eco Summer Camp 2024

À son propos:

Valerio Ciriello SJ

Valerio Ciriello sj est né à Baden (AG) le 23 août 1975. Jusqu’en 1990, il vie à Bad Zurzach, puis avec sa famille à Teano, la ville natale de son père près de Naples. En 2000, il retourne en Suisse pour ses études à l’Université de Zurich dans le cadre du programme Erasmus. Il est titulaire d’un diplôme en droit de la Seconda Università di Napoli (2002). Il approfondit ensuite ses études à l’University of California à Berkeley (2004) en Refugee Law, International Environmental Law et International Relations Theory. Il détient un Master en études européennes interdisciplinaires du Collège d’Europe (2007).
Valério Ciriello sj a débuté sa carrière dans différents métiers (université, organisations internationales, syndicat, banque). En 2007, il commence à travailler auprès de l'ancienne Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et, de 2009 à 2014, pour l'organisme qui lui succède, l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA.
Valerio Ciriello sj a été actif politiquement, en Suisse, pour le PDC (Parti démocrate-chrétien) et, en Italie, chez les Verts (Verdi) puis au sein d’«Italia dei Valori». En septembre 2014, il rejoint la Compagnie de Jésus, en Suisse. Après avoir prononcé ses vœux au noviciat de Nuremberg en 2016, il a étudie la philosophie et la théologie au Centre Sèvres à Paris. Aujour'hui, il est de retour en Suisse, et travaille comme aumônier universitaire à l'Université de Lucerne.

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