Elle est impressionnante, la mise en scène du jour de Pâques dans l’évangile de Matthieu : un tremblement de terre accompagne l’apparition de l’ange du Seigneur – vêtu de blanc ce qui lui confère l’aspect d’un éclair – venu rouler la pierre du tombeau. Pourtant, ceux qui attendent la sortie glorieuse du Ressuscité sont déçus. Le tombeau est vide. L’ange a beau dire que le Crucifié est ressuscité et que nous le reverrons en Galilée... ils sont dépités.
Qu’est-ce que ce vide signifie pour les disciples de Jésus, et que signifie-t-elle pour nous aujourd’hui ?
Les apparitions du Ressuscité, dont parlent les évangiles, se sont faites rares depuis. Sur quoi donc fonder notre propre foi ? L’exemple du « disciple que Jésus aimait » peut peut-être nous aider. La simple vision du tombeau vide lui suffit pour croire.
Qu’est-ce qui le rend capable de voir et de croire là où pour les autres ne règne que le vide, la perplexité et le désespoir ?
Cette capacité est sans doute due à la proximité et l’intimité que ce disciple avait avec Jésus. Plus nous connaissons quelqu’un, plus nous développons une sensibilité pour les signes de sa présence, son écriture, sa manière de penser, de sentir et d’agir, son parfum et son style unique. Et c’est exactement ce que Saint Ignace de Loyola nous invite à faire en méditant et contemplant encore et encore les récits de la vie de Jésus, pour mieux le connaitre, mieux l’aimer, et à travers cela, savoir reconnaître sa présence.
Mais quel est donc ce style distinctif, ce parfum typique du Christ, à travers lequel nous pouvons deviner sa présence ?
Ce sont toutes ces expériences dont parlent les évangiles : les moments de surprise et d’émerveillement, de don et de gratuité. Les moments où l’amitié, l’amour, le pardon et même la guérison sont offerts sans raison ni mérites apparents. Les expériences d’une force inattendue dans une situation de crise, d’une espérance insoupçonnée dans un moment de désespoir. Et tous ces moments où la logique de cause et effet, d’action et réaction, de violence et contre-violence est suspendu par un acte libre et d’amour inconditionnel.
Croire en Jésus ressuscité ce n’est donc pas seulement croire à une vie après la mort, mais d’abord croire en la présence du Christ vivant dans notre vie et dans le monde d’aujourd’hui, avec tout ce qui caractérise son style. Ça veut dire croire en la force de la gratuité, du don et de l’amour inconditionnel. Car si Jésus est vraiment ressuscité, signifiant ainsi que la vie est plus forte que la mort, et que l’amour est plus fort que la violence.
Par conséquent, la foi en Jésus ressuscité ne nous invite pas seulement à chercher et trouver les signes de sa présence dans le quotidien de notre Galilée, mais aussi d’essayer à notre tour d’aimer comme Jésus nous aime, et de ne pas nous laisser décourage quand notre amour reste sans réponse et semble dénué de sens. Pour cela, n’arrêtons pas de méditer la vie du Christ pour toujours mieux nous familiariser avec lui, pour nous laisser inspirer par lui et pour mieux reconnaître son style et les traces de son parfum autour de nous.
C’est là où je peux expérimenter aujourd’hui la vérité de ce que nous proclamons à Pâques : « Le Christ est vraiment ressuscité, alléluia ! »