L’essentiel unit (Mc 12,28-34) - Pour une fois Jésus félicite un scribe. Le fait est suffisamment rare pour être mentionné. Alors que d’ordinaire, scribes, pharisiens, docteurs de la Loi et Jésus s’opposent au sujet de l’interprétation de la Loi, cette fois les deux camps sont tombés d’accord pour reconnaître que dans la Loi tout n’est pas égal, qu’il y a des commandements qui sont supérieurs aux autres. Le recours à l’essentiel leur a permis de trouver un terrain d’entente.
Plutôt que de discutailler sur des détails et les questions d’écoles chères aux milieux fondamentalistes, le scribe reconnaît que tous les préceptes de la Loi n’ont pas le même poids, qu’il existe une hiérarchie entre eux. Il se demande quel est le plus important, celui qui vient en premier, avant tous les autres. La réponse de Jésus est simple, sans appel. Le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain l’emporte sur tous les autres articles de la Loi, il est le critère absolu qui leur donne du sens, la mesure à l’aune de laquelle il convient d’évaluer toute pratique. Le scribe qui a bien compris la leçon la répète à son tour, tout en concluant avec réalisme que l’amour de Dieu et du prochain relativisent jusqu’au culte sacrosaint du Temple. Le félicitant, Jésus l’assure qu’il est sur le bon chemin.
»Des années plus tard, saint Paul reprendra la même leçon à l’adresse de ses correspondants romains: «N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi… Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour» (Rm 13,8-10). Plus proche de nous, le concile Vatican II rappelle qu’il existe «une hiérarchie entre les vérités de la doctrine catholique», que tout n’a pas la même valeur dans l’enseignement de l’Église. L’essentiel unit, les querelles de chapelles divisent.