Après un échange entre professeurs de philosophie et un physicien nucléaire, une discussion autour du Credo dans la liturgie catholique, c’était la place du Dogme dans la vie du croyant qui rassemblait les participants d’un colloque à Notre-Dame de la Route, dans l’après-midi du lundi 7 novembre 2022. Organisé par Hubert Sauvain et son équipe, il recevait le P. Benoît Dominique de la Sougeolle OP, professeur de théologie dogmatique à Fribourg et à Rome. Les discussions étaient dirigées par Patrick Chuard, journaliste de La Liberté à Fribourg.
En introduction, le Père Jean-Bernard Livio sj rappelle que le terme de dogmes, dogmata, apparaît dans les actes des apôtres (16,4), quand Paul et Timothée exhortent les croyants à « garder les dogmata décidés par les apôtres et les anciens à Jérusalem ». La TOB traduit simplement « les décisions ». Il s’agissait des conclusions de ce que l’on a appelé le Concile de Jérusalem vers l’an 50. Le terme est peu utilisé par la suite, on lui préfère le mot de Symbole, qui veut dire condensé ou résumé de doctrine. La liturgie a conservé le Symbole des Apôtres ou celui de Nicée-Constantinople. Par la suite, les Principes d’Origène, la Doctrine chrétienne d’Augustin ou la Symbolique du Pseudo-Denys constituent les premiers ouvrages doctrinaux. Au Moyen Âge, apparaissent les Sentences de Pierre Lombard, puis de nombreuses Sommes, dont celle de Thomas d’Aquin.
Quid de l’enseignement de la théologie dogmatique
Le Père de la Sougeolle poursuit en expliquant comment la théologie dogmatique est enseignée actuellement à la Faculté de Fribourg au cours de cinq années de formation, traitant sous divers points de vue les thèmes centraux de Dieu, du Christ, de l’Église et des sacrements. Il fit remarquer que les auditeurs laïcs étaient aussi nombreux que les séminaristes.
S’attaquant au fond du sujet, il souligne que le centre de la foi est constitué par les mystères révélés, vérités que l’homme ne découvre pas par lui-même. À partir de la Bible, des Pères de l’Église, les théologiens médiévaux et modernes s’efforcent d’éclairer la Révélation avec l’aide de la pensée et de la culture de leur temps. C’est aussi l’effort de chaque chrétien pour assimiler les richesses de la doctrine grâce à sa foi, à son intelligence et à son action.
Le dogme, c’est donc le dialogue entre le chrétien et la doctrine révélée.
Le problème qui a troublé le plus les auditeurs a été celui de l’autorité. Le dogme apparaît comme une décision venue d’en haut, que le chrétien doit simplement accepter. Le Credo de Nicée-Constantinople, par exemple, est rédigé à partir de concepts grecs anciens difficilement compréhensibles pour un homme de notre temps. Les dogmes mariaux, non reçus par les protestants, sont un obstacle à l’œcuménisme. L’infaillibilité pontificale apparaît insoutenable. Comment peut-on définir un Dieu, qui par définition est infini ? Les interrogations se portèrent principalement sur les dogmes les plus récents, ceux qui concernent Marie et l’Infaillibilité pontificale. Or les deux thèmes sont étroitement liés. Le pape Pie IX (1792-1878) avait même entrepris une interrogation mondiale pour demander aux évêques quelle était l’opinion de leurs fidèles sur la naissance virginale. Toutes ces questions ont alimenté un débat, qui, manifestement, n’a fait que survoler un thème qui avait besoin d’être approfondi. Hubert Sauvain promet une future rencontre.
L’après-midi s’est achevée autour d’une collation très fraternelle.
