Comme les pharisiens ne comprenaient pas l’image du bon berger, Jésus reprend la parabole sous une autre perspective. Il se présente comme la porte de la bergerie par laquelle les brebis – les chrétiens – peuvent aller et venir à la recherche de bons pâturages. Jésus est la porte qui n’enferme pas, qui donne accès aux espaces généreux de vie et de liberté, qui ouvre sur le vaste monde. Franchir cette porte c’est découvrir des horizons nouveaux, une plus grande abondance de vie, l’assurance d’échapper à tous les dangers. Redimensionnés par son enseignement et sa vie, les événements, les personnes, les circonstances de l’existence quotidienne apparaissent sous un autre angle. «Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: ton bâton me guide et me rassure» (Ps 22).
Jésus n’est certainement pas la porte de prison qui enferme et restreint la liberté imaginée par des ignorants, ni la porte ouverte aux courants d’air qui inquiète les pharisiens d’hier et d’aujourd’hui. Prisonniers de leurs dogmatismes, sans autre horizon qu’une morale frileuse et un légalisme liberticide, ils maintiennent les brebis dans leur enclos, sous bonne garde, toute issue soigneusement close. Le Bon Pasteur, qui ne cherche que le bien de ses brebis, leur répond rondement. Introduite par deux Amen, la condamnation de Jésus est solennelle et sans appel: ceux qui entrent dans la bergerie toute porte verrouillée ne sont que des voleurs et des bandits, gourous en tous genres, prophètes de pacotille, aveugles empressés de jouer les guides, et tant d’autres marchands d’illusions dont les brebis ne reconnaissent pas la voix. Et, ajoute le pape François, ils n’ont même pas l’odeur du troupeau!
«L’Église n’est pas une maison close» (Jn 10,1-10) - Méditation à partir de l'Évangile de Pierre Emonet sj pour le dimanche du Bon Pasteur - 30 avril 2023