«En recourant à la parabole de la vigne, Jésus ne fait que reprendre une image traditionnelle, qui traverse pratiquement toute la Bible – et même la mythologie. Une bonne vigne fait la joie des dieux et des hommes. Dans le langage biblique, la vigne du Seigneur c’est le peuple de Dieu, Israël d’abord, puis Jésus, ce cep dont les croyants sont les sarments. Comme tout vigneron, Dieu attend de sa vigne une bonne vendange.
Deux expressions rythment les propos de Jésus, l’une appelant l’autre dans une mutuelle complicité: demeurer en moi et porter du fruit. Pour que les sarments puissent produire de belles grappes qui offrent toute la qualité du cépage, ils doivent rester entés sur le cep. Alors, oui, bonjour le Gamay, le Pinot noir, l’Arvine, et tous les autres! Après la taille, les sarments ne sont que du bois sans valeur, bon pour le feu.
Demeurer en moi, habiter dans le Christ? L’image peut être parlante, mais sa mise en pratique reste un défi pour qui vit au rythme d’un agenda sans pitié. Plutôt que de nous inviter à tenter l’impossible en faisant le grand écart entre Dieu et nos tâches quotidiennes, Jésus propose que sa Parole demeure en nous. Lire l’Évangile, s’efforcer d’y ajuster son comportement, y revenir au moment de faire des choix, de prendre des décisions petites ou grandes, de vivre une rencontre, et voilà la sève qui irrigue le sarment.
La culture de la vigne exige des soins continus; chaque saison apporte son lot de travaux spécifiques: sarcler, traiter, attacher, effeuiller, on n’en finit jamais. L’hiver avancé, le temps de la taille est venu. Cette mutilation annuelle est la condition d’une bonne récolte. En dépit des protestations scandalisées de Job et de tous les justes éprouvés Jésus n’a pas manqué d’y faire allusion. Permettre à la Parole de demeurer en soi est un travail qui demande une bonne dose de constance et de persévérance. La vendange du Seigneur est à ce prix.»