«Impressionnés par la prédication austère de Jean Baptiste, ses auditeurs se demandent que faire pour échapper à la rigueur divine. La recette est simple: qu’ils changent de comportement, qu’ils ne soient pas renfermés en eux-mêmes mais capables de partager avec ceux et celles qui sont dans le besoin. Aux publicains, ces fonctionnaires honnis, il ne demande pas de changer de métier, mais de respecter la justice. Quant aux militaires, sans les encourage pas à quitter l’armée il leur conseille de ne pas se comporter comme des brutes et de se contenter de leur solde. De fait, Jean insiste surtout sur le comportement social de ses auditeurs.
»Cette prédication, la manière de vivre de Jean, sa rigueur, son intégrité font penser au Messie annoncé par les prophètes. Serait-il lui-même ce Messie? Un mouvement populaire prend naissance autour de lui, et des disciples se mettent à son école. Jean remet les choses au point. Contrairement aux gourous qui subjuguent leurs fidèles, Jean détourne l’attention de ses admirateurs vers un autre que lui, face auquel il ne fait pas le poids. Celui-là il sera bien plus fort que lui-même.
»Plus fort? Comment? Jean agit de l’extérieur: il prêche, donne de bons conseils éthiques, propose un rite de purification. Par contre, celui qui va venir, le Messie, agira du dedans, en vous investissant de son Esprit à la jointure de l’être. Ni maître à penser ni moraliste, il ne se contentera pas de vous dire ce que vous devez faire. Sa mystérieuse présence agira en vous comme un poids qui vous entraîne à faire le tri entre le bien et le mal, entre le bon grain et la paille. Il sera une lumière, une énergie qui soutiendra l’élan dont vous avez besoin pour emprunter le chemin de Dieu. Il ne vous proposera pas un chemin vers Dieu, car il sera Dieu présent comme une force agissante dont il vous faudra prendre conscience pour vous laisser agir par elle.»
Méditation à partir de l'Évangile pour le troisième dimanche de l'Avent - 12 décembre 2021
«Le plus fort» (Lc 3,10-18) par Pierre Emonet sj