Péter Mustó sj, membre de la communauté jésuite de Dobogókő, est décédé à l'âge de 89 ans. Cet ancien missionnaire d'Amérique du Sud, apôtre social, aumônier et écrivain spirituel, très apprécié en Hongrie et en Allemagne, est décédé le 6 août en début d'après-midi à Hildesheim, en Basse-Saxe.
Péter Mustó est né le 25 janvier 1935 à Derecce, dans la région de Hajdú-Bihar, à l'est de la Hongrie. Sa famille a fui le front en 1944 pour se rendre à l'ouest, si bien qu'il a fréquenté le lycée en Allemagne. Après avoir obtenu son baccalauréat, il est entré en 1953 dans la Province hongroise de la Compagnie de Jésus. Il a étudié en France et en Allemagne et a été ordonné prêtre en 1963.
De 1965 à 1977, il a été curé de jeunesse à Munich. Dans les années 1960, dans l'esprit du Concile Vatican II, il s'est tourné vers les personnes d'autres confessions, les marginalisés et les défavorisés de la société de bien-être.
"Que nous voyions Dieu, que nous reconnaissions Dieu, cela dépend du cœur et de l'attention intérieure avec laquelle nous regardons nos semblables".
Entre 1977 et 1978, il a parcouru l'Amérique du Sud, du Mexique à la Bolivie, avec son sac à dos, pour découvrir les programmes sociaux de l'Église et des communautés religieuses latino-américaines visant à aider les populations les plus défavorisées. Prêtre ouvrier à Berlin entre 1978 et 1979, il a travaillé comme plongeur dans des restaurants. Il écrira plus tard:
"Ce qui te donne de la sécurité, par exemple des ressources matérielles, des relations, peut aussi te lier, te contraindre. Si tu y renonces, tu ne fais pas seulement l'expérience de la vulnérabilité, mais aussi de la liberté".
Entre 1979 et 1991, il a travaillé dans la mission colombienne, comme missionnaire et travailleur social avec les pauvres, les démunis et les marginaux. Il a d'abord travaillé aux côtés des salésiens, puis a partagé sa vie avec des enfants des rues dans une petite maison faite d'éléments préfabriqués simples, dans une atmosphère familiale.
"Pour moi, il a toujours été important de me rendre disponible là où je suis. Dans toute ma vie, cela a toujours été plus important que tout ce que j'ai pu penser ou faire".
Plus tard, le Père Mustó a déménagé dans un quartier pauvre de Bogotá, et a oeuvré pour que les enfants ne se retrouvent pas dans la rue. Il a donc fondé une garderie appelée Casa Estudio. Il a écrit plusieurs livres sur son expérience en Amérique du Sud (Entre espoir et désespoir dans les rues de Bogotá; Lettres d'Amérique du Sud).
Après le changement de régime dans le pays, il est retourné en Hongrie, d'abord à Szeged, puis à Dobogókő, où il a vécu et où il a été un accompagnateur spirituel et un maître de retraites largement reconnu. Il déclarait:
"Ce ne sont pas mes conférences les plus utiles aux agents pastoraux qui me donnent le pluis de la satisfaction a posteriori. Ce sont celles qui font comprendre aux personnes qui y participent que je suis en chemin, que je ne suis rien de plus qu'elles, que je ne peux pas tout exprimer avec justesse".
Péter Mustó sj a régulièrement animé des retraites en silence à Tahiti et en Allemagne, et a publié des livres sur la spiritualité (par exemple: La vie naît dans le silence). En 2013, il a été décoré, avec Ferenc Jálics sj, de la Croix de chevalier de l'Ordre du mérite hongrois pour avoir créé une culture de la méditation spirituelle et développé une méthode unique dans le domaine de la guérison spirituelle.
Interrogé sur ce que signifie être jésuite, il répondait:
"La Compagnie de Jésus m'a donné la possibilité de faire un travail utile, dans l'esprit de l'Évangile et avec la spiritualité de saint Ignace. J’ai pu acquérir la formation et la liberté nécessaires pour accomplir mes tâches. En tant que religieux et prêtre, les personnes avaient confiance en moi avant même d'être sûres qu'elles pouvaient vraiment me faire confiance. J'étais chargé de veiller à ce qu'ils ne soient pas déçus par l'homme de Dieu qu'ils voyaient en moi. C'était une joie de voir qu'ils étaient fortifiés par moi dans leur vie et dans leur foi chrétienne en général".
La messe de recueillement aura lieu le mercredi 16 août 2023 à 14 heures en l'église du couvent de Marienrode, Auf dem Gutshof, 31139 Hildesheim, suivie de l'inhumation au cimetière du couvent.