Le Service jésuite des réfugiés (JRS) a du suspendre ses programmes réguliers au Liban afin d’apporter son aide d’urgence aux migrants déplacés, qui ne sont pas pris en charge par les autorités libanaises.
Cela fait de nombreuses années déjà que le Service jésuite des réfugiés (JRS) au Liban soutient les familles de réfugiés syriens et irakiens dans les camps de réfugiés de la vallée de la Bekaa et de Baalbek, ainsi que les réfugiés urbains de Bourj Hammoud, dans la banlieue de Beyrouth. L'institution internationnale propose des visites à domicile, un soutien psychosocial, des offres de formation pour enfants et adultes, des activités pour les jeunes, des centres pour femmes et des programmes de formation aux moyens de subsistance et aux efforts de réconciliation. Mais face à l’escalade rapide et l’imprévisibilité du conflit avec Israël, le JRS a du suspendre ses programmes réguliers au Liban le 23 septembre 2024.
«Le besoin d’abris temporaires et d’aide d’urgence augmentait d’heure en heure», a rapporté Daniel Corrou sj, directeur du JRS au Proche-Orient. Le JRS a dès lors préféré concentrer ses forces sur l’aide d’urgence aux déplacés et bombardés: distribution de vivres, mise à disposition d’abris d’urgence, soutiens psychosociaux.
Des travailleurs migrants sans protection
Durant les deux mois d’opération militaire de grande envergure menée par les forces israéliennes contre le Hezbollah au Liban, des milliers de personnes ont perdu la vie, plus de dix mille ont été blessées et plus de 1,2 million de personnes ont pris la fuite. Bien que le gouvernement libanais ait ouvert plus d’un millier d’abris pour les personnes déplacées à travers le pays, les capacités de ces structures ont rapidement été épuisées. De plus, les migrants se sont vu refuser la protection dans ces abris.
Le JRS a alors ouvert les portes du Centre pour migrants Arrupe à Beyrouth et d’un monastère jésuite situé dans les montagnes, à environ 45 minutes de Beyrouth, pour accueillir les réfugiés et les travailleurs migrants déplacés.
«Le soir du 23 septembre, une femme migrante, qui était déjà membre de notre communauté, m’a appelé pour me demander si elle pouvait venir à l’église avec ses cinq enfants», témoigne Michael Petro, un jésuite en formation originaire de Boston, aux États-Unis, actuellement au service des réfugiés et des migrants à Beyrouth. «À partir de ce moment, de plus en plus de personnes ont commencé à arriver, dont beaucoup avaient marché pendant la nuit depuis Nabatieh, une ville du sud fortement touchée par les bombardements. Il leur a fallu 18 heures pour atteindre leur destination. Parmi les personnes qui sont arrivées, il y avait des femmes enceintes qui venaient d’accoucher. Son bébé n’avait que trois jours lorsqu’ils sont arrivés dans notre paroisse. La mère et l’enfant se portent bien aujourd’hui.»
Deux établissements bien placés
Les deux établissements d’accueil du JRS ont été choisis avec soin. Ils se trouvent en dehors des zones directement visées par les Israéliens, «ce qui nous permet d’offrir sécurité et protection aux personnes dont nous nous occupons», a précisé le jésuite américain peu de temps avant le cessez-le-feu.
Juste en face du Centre pour migrants, se trouve Basta, un quartier chiite où vivent certains employés du JRS. Il a été pour sa part touché à plusieurs reprises par des missiles et des frappes aériennes, certaines des attaques ayant eu lieu à environ 600 mètres d abri, et même plus près de l’endroit où réside une partie de notre personnel.
Prières et plaidoyers
Malgré un avenir incertain, l’équipe du JRS Liban est bien décidé à ne pas baisser les bras. «Alors que nous faisons face à un avenir incertain, nous restons fermement décidés à accompagner ceux qui sont dans le besoin», a affirmé le Père Corrou. «Nous prions pour la paix et pour un retour à l’important travail de réconciliation».
L’équipe «de plaidoyer» du Bureau Régional du JRS insiste pour sa part sur la nécessité de maintenir et de prolonger le cessez-le-feu. Entré en vigueur pour une durée initiale de deux mois, «il est indispensable pour protéger la vie de la population civile et pour permettre à l’aide humanitaire d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin», déclare le JRS. (cath.ch/jrs/lb)