La scène se passe aux confins de la Samarie, une région que les juifs ont excommuniée. Jésus vient d’en faire l’expérience, lorsqu’un village de la région a refusé de l’accueillir. Il y rencontre un groupe de dix lépreux, ces malades maudits à éviter à tout prix, qui portent dans leur chair les signes de la malédiction divine. Exclus de tout commerce avec leurs semblables, ils doivent se tenir à distance. Ils n’en implorent pas moins la pitié de Jésus. Sans un geste, Jésus leur recommande de suivre la procédure habituelle: qu’ils aillent se montrer aux prêtres habilités à vérifier une éventuelle guérison.
En cours de route, les malades sont guéris. Un seul revient aussitôt sur ses pas. Sans poursuivre sa route, sans attendre le rituel officiel de l’autorité ecclésiastique, il vient remercier Dieu en la personne de Jésus. Le comble! Cet homme, qui est un Samaritain, un excommunié, pose un authentique acte de foi qui fait l’admiration de Jésus: «Ta foi t’a sauvé».
Quant aux neuf autres, ces habitués de la vraie religion, ils continuent leur route vers les prêtres pour faire homologuer leur guérison. Le fait d’être guéris et d’observer le rituel leur suffit. Oubliant Jésus, ils continuent leur route. Le contraste est fort. Le Samaritain, le prétendu hérétique, est le seul qui a compris qu’une démarche religieuse, une cérémonie, une loi ou un règlement ecclésiastique n’ont de sens que dans la mesure où ils vous ramènent à la personne du Seigneur. En louant la foi du Samaritain et en s’étonnant de l’indifférence des neufs autres, Jésus souligne que la foi suppose une relation personnelle plutôt que l’observance minutieuse des rites.
Le cœur avant l’institution (Lc 17,11-19) - Méditation du Père Pierre Emonet sj pour ce dimanche 12 octobre 2025