L’image du berger parlait à une population habituée à voir passer des troupeaux de brebis piétinant dans la poussière à la suite de leur berger. Les prophètes s’en sont servi pour décrire le rapport entre Dieu et le peuple d’Israël: «Le Seigneur est mon berger: je ne manque de rien.» Jésus la reprend à son compte pour expliquer la relation qu’il entretient avec ses disciples.
La relation entre un berger et son troupeau devient très vite personnelle. Le berger prend l’odeur des brebis au point de faire partie intégrante du troupeau, et les brebis connaissent sa voix et réagissent à son appel. Elles se mettent en marche, comme ces hommes et ces femmes qui suivent le Christ pour l’avoir rencontré et entendu.
"Écouter, connaître, suivre", trois verbes dans la bouche de Jésus pour caractériser l’appartenance du disciple à sa bergerie, trois critères qui font la différence. "Écouter" la Parole – l’Évangile – pour entendre son appel ; laisser son écho résonner jusque dans le fond de la conscience et éclairer les choix qui orientent une existence. "Connaître" au sens biblique du terme, comme un élan d’amour qui permet à deux personnes de se comprendre, de s’apprécier mutuellement. "Suivre" celui qui marche devant, en mettant tant bien que mal ses pas dans les siens. Avec confiance, parce qu’il est capable de conduire ses brebis jusqu’au-delà de la mort : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi… » L’avenir assuré, aucune force ne peut arracher les brebis de la main du Christ, parce que sa main est la main de Dieu. « Le Père et moi, nous sommes UN. » L’affirmation est massive. En rassurant ses brebis, le bon berger signe son arrêt de mort. Dans le contexte polémique de l’époque, les gardiens du dogme crient au blasphème, et ramassent des pierres pour le lapider.
«Le bon berger» (Jn 10,27-30) - Méditation à partir de l'Évangile de Pierre Emonet sj pour le dimanche 8 mai 2022.