Deux femmes attendent un enfant alors que rien ne laissait prévoir une grossesse. Bouleversée par une expérience mystique qui défie toute explication, Marie, la plus jeune, s’empresse de rejoindre une cousine âgée, enceinte depuis six mois, qui avait perdu tout espoir de concevoir un enfant. On la disait stérile. Poussée par la parole entendue et généreusement accueillie, Marie se met en route pour parcourir allègrement les quelques 150 kms qui la conduisent chez Elisabeth. Elle restera auprès d’elle jusqu’à l’accouchement, trois mois plus tard.
Même si les circonstances sont insolites, la rencontre de ces deux femmes dépasse le simple événement familier. Quelque chose d’important pour l’humanité se joue. En entrant chez Elisabeth, Marie apporte avec elle l’assurance que les promesses des sages et des prophètes de toujours sont en train de se réaliser. Comme une grossesse présage une naissance, l’enfant que Marie porte en son sein prélude à l’accomplissement de toutes les attentes qui hantent le genre humain depuis les origines. Elisabeth le comprend aux tressaillements de son enfant qui saute de joie en elle, comme David qui dansait devant l’arche du Seigneur. Transie de bonheur, elle laisse éclater sa joie.
Entre admiration et reconnaissance, Elisabeth célèbre l’ouverture de sa cousine. Son « oui » en mode majeur a rendu possible la rencontre entre Dieu et l’humanité. L’expérience spirituelle qu’elle a vécue, la présence assurée logée au plus intime d’elle-même, ne l’ont pas repliée sur elle-même. Aussitôt sa maternité confirmée, elle s’est mise en route pour se hâter au chevet de sa cousine.
Les faveurs divines ne sont jamais des gourmandises à déguster en égoïste. Elles portent en elles une urgence, une invitation à sortir de soi pour transmettre la bonne nouvelle à d’autres et entreprendre du nouveau. Seules les idoles restent immobiles, là où elles ont été fixées. Marie en chemin, porteuse de Dieu, est la première esquisse d’une foi qui ne survit que dans la mesure où elle se communique ; sa visite à sa cousine authentifie la rencontre avec l’ange. Avec elle et grâce à elle, le Christ présent en son sein entreprend la première étape d’une vie itinérante toujours pressée de transmettre la joie de la bonne nouvelle.
« L’attente réalisée» (Lc 1,39-45) – Méditation de Pierre Emonet sj pour le 4e dimanche de l’Avent 2024.