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La revue «choisir» de ce printemps lève le voile sur l'«Invisible» et les «Transparents»

«L’essentiel est invisible pour les yeux», confie le renard au Petit Prince. Encore faut-il savoir ce qui est essentiel à nos yeux? Pour le héros de Saint-Exupéry, c’est une rose fragile; mais le commun des mortels a souvent besoin de plus et le recherche même dans l’invisible. Certain·es scrutent le fin fond de l’Univers et la réalité de sa matière noire qui le compose à 27% (Laura Baudis). D’autres tournent leur regard vers le Ciel, vers Celui qui est! D’autres encore partent à la rencontre de l’au-delà en passant de l’autre côté du voile, lors d’expériences de morts imminentes «qui pourraient bien être, dans notre Occident tellement sécularisé, une manifestation de la miséricorde de Dieu pour notre temps, un signe du Ciel pour nous ouvrir à la Vie invisible», de l’avis de Patrick Theillier, ancien responsable du Bureau des constatations médicales du sanctuaire de Lourdes.

L’invisible qui apaise? L’hypothèse est intéressante et ne déplairait pas aux faiseurs de secrets dont la pratique de soins a «longtemps été inscrite dans la religion chrétienne prédominante. Ils se réfèrent bien à une force supérieure, extérieure, qui dépasse celle de l’être humain, mais ils ne la définissent pas tous de la même manière» (Magali Jenny). Guérisseurs eux aussi, mais d’un autre type, les médiums, spirites ou voyant passent soit pour des personnes extraordinaires soit pour des malades soit pour des escrocs ou affabulateurs (Adam J. Powel).

Insondables, ces expériences restent des réalités pour ceux qui les vivent. Au Moyen Âge, on croyait en un monde invisible, caché, spirituel et éternel -en opposition au monde matériel et temporel- (Olivier Hanne) avec qui l’on cherchait à entrer en contact, notamment à travers le culte des images (Carole Pirker). L’invisible fascinait, fascine et fascinera toujours, dans toutes les cultures et tous les milieux. L’art, par exemple, a érigé l’immatériel en œuvre marchandable (Geneviève Nevejan).

Transparents mais bien réels!

«La Nature aime à se cacher», disait le philosophe Héraclite d'Éphèse à la fin du VIᵉ siècle av. J.-C. Mais ces femmes enfermées sous d’épaisses étoffes -comme ces Afghanes qui ont dû fuir leur terre natale pour ne pas vivre dans une prison dorée (Mathide Weibel)-, ces malades atteints de fibromyalgie ou du syndrome du mal du débarquement et que l’on a peine à prendre en considération car leurs symptômes sont invisibles (Tamara Pellegrini), ces sans-papiers et ces familles qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté (Fabrice Boulé) sont-ils heureux de leur transparence aux yeux de la société et de ses décideurs? Et que dire de ces femmes, brillantes, qui vivent dans l’ombre de grands hommes, comme les fidèles conseillères et amies des papes (Bénédicte Lutaud)? Ou de toutes celles qui, semaine après semaine, simples maillons d’une chaîne, transmettent le message du Christ aux catéchumènes (Catherine Menoud).

Ce numéro de choisir explore ainsi des lieux de jonction entre les réalités visibles et cachées, note dans son éditorial Lucienne Bittar. Sa double thématique «Invisible» et «Transparents» fait écho à celui du Festival Histoire et Cité 2022 dont la revue est partenaire. Une page est également dédiée à un second événement auquel choisir collabore: les Rendez-vous cinéma de l’ECR - Il est une foi, festival lors duquel la rédactrice en chef animera un débat après la projection du film L’Ile du Docteur Moreau d’Erle Kenton. Ce sera le 5 mai à 17h30 aux Cinémas du Grütli.

Enfin, à ne pas manquer, le portfolio du photographe Hakim Bouliouis, la nouvelle inédite de l’écrivain romand Adrien Bürki et la présentation de l’exposition d’art brut Croyances par Valérie Bory.

Céline Fossati
journaliste choisir

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