Le Service Jésuite des Réfugiés (JRS) Suisse accompagne et soutient les personnes déplacées. Chaque parcours réussi est un argument en faveur d’un engagement résolu aux demandeurs d’asile.
Imaginons un instant: à quoi ressemblerait une politique qui se ferait en faveur des plus vulnérables ? La solidarité et la générosité de nombreux citoyens seraient reconnues et encouragées. Certains réfugiés auraient le temps de souffler, d’autres s’intégreraient rapidement dans notre société. Des jeunes dynamiques, ayant été forcés de quitter leur pays, seraient soutenus activement dès le premier jour de leur arrivée. Ils auraient rapidement l'opportunité d'apprendre un métier et de rejoindre l'une des nombreuses offres d'emploi disponibles pour les professionnels qualifiés recherchés. Et lorsque la situation dans leur pays d'origine permettrait leur retour, beaucoup n'hésiteraient pas à mettre leurs connaissances et leurs compétences au service de la reconstruction de leur pays.
Malheureusement, la réalité actuelle est bien différente: le parcours d'une personne, qu'elle soit soutenue ou qu'elle rencontre des obstacles, dépend largement de la décision individuelle des autorités en charge de l'asile. À l'exception du statut de protection S accordé aux personnes venues d'Ukraine, les réfugiés reçoivent en Suisse quatre réponses possibles à leur demande d'asile :
1. Environ 10 % des réfugiés arrivés en Suisse se voient notifier une décision de non-entrée en matière (NEM). En effet, conformément aux accords de Dublin, tout État membre de l'espace Schengen peut renvoyer, sans examiner la demande d'asile, les personnes vers le pays Schengen où elles ont été enregistrées en premier. Depuis des années, la Suisse utilise largement ce dispositif et renvoie des personnes vers des pays comme la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Croatie, l'Italie et l'Espagne.
2. Sur les dix dernières années, près d'un tiers des demandes d'asile en Suisse ont reçu une réponse positive. Après une attente de 1 à 4 ans, les personnes concernées obtiennent le statut de réfugié (permis B).
3. Près de la moitié des demandes d’asile ont reçu une réponse négative, mais avec une protection subsidiaire, c’est-à-dire une admission provisoire (permis F) qui doit être renouvelée chaque année.
4. Pour environ un sixième des demandes d’asile déposées au cours des dix dernières années, la réponse est négative avec une obligation de quitter le territoire. Certains partent effectivement. D’autres sont expulsés de force ou restent en Suisse et reçoivent une aide d’urgence. Le nombre exact de personnes actuellement concernées par ce dispositif n’est pas publié. En 2020, des ONG humanitaires estimaient le nombre à 6 500 personnes, dont plus de 1 000 enfants (voir Urs Ruckstuhl, demandeurs d’asile déboutés en Suisse – une situation désespérée, dans Medicus Mundi Suisse).
Priorité donnée à l’aide d’urgence pour les personnes concernées